T  R  A  N  S  P  A  C  I  F  I  Q  U  E  … 

AVIS IMPORTANT POUR LECTEURS.TRICES AVERTI.E.S : L’HISTOIRE EST LOOOOOOONGUE !!

B’en oui .. 35 jours à vivre à bord avec nous, une fois le départ donné. Ca fait quelques lignes à lire, et quelques images à regarder. Et puis je fais un poil de rétropédalage pour remettre les choses dans leur contexte.

Alors installez-vous confortablement, savourez chaque jour et chaque épisode comme ils se présentent, et laissez vous happer par ces immensités …

Mille becs

6 janvier 2021, en Suisse

Ca y’est, décision prise ! Souhaitons que les célèbres petites molécules nocives de notre temps ne viennent pas contrecarrer nos plans !!!

Tellement de gratitude pour tout ce temps passé ici avec ceux qu’on aime. Tellement d’émotions qui se bousculent et s’entrechoquent, se complètent et se mettent en lumière. Tellement de joie et de tristesse. Tellement d’envie de raccourcir le temps et de l’allonger et l’étendre encore et encore … Merci la Vie pour toutes ces énergies …

 

21 janvier 2021, en Suisse

Ça y est … 

le décompte final est lancé !!

On est Covid négatifs confirmés,

Nos billets d’avion n’ont pas été annulés, 

Nos valises sont bouclées, 

Demain nos deux gars nous accompagnent jusqu’à l’aéroport et ça sera partiiii !!!!!

Vive notre retour au Chili 

 

24 janvier 2021, à Puerto Montt, Chili

B’en ça y est !!

On a quitté nos familles et notre joli pays, sans stress à l’aéroport vu la foule, on a mis nos 125kg dans la soute, fait un groooooooos câlin à nos deux fistons, et puis on a croisé les doigts pour arriver à bon port sans être refoulés pour raisons sanitaires … puisque Puerto Montt – Chili est en quarantaine …

Donc nous voilà arrivés au port de Reloncavi à Puerto Montt, et en train de nous installer pour une nouvelle tranche de vie à bord de Myriades.

C’est un peu le bazar à bord, on est à terre encore puisqu’on doit faire quelques travaux sous la coque, donc on s’improvise une vie dedans-dehors avec le bric-à-brac trouvé dans le port. Heureusement il fait beau pour nos premiers jours, le temps de tout ranger pour voir la pluie arriver.

Et dans les réjouissances à venir : Hugo nous rejoint le week-end prochain pour un gros morceau de Pacifique à bord, et Nathan viendra profiter des vacances d’été avec nous.

Bises du fond du cœur sous le soleil chilien à vous toutes et tous, et à tout bientôt pour d’autres nouvelles.

 

29 janvier, Puerto Montt

Bon, qu’est ce qu’on fait par ici alors ?

On s’acclimate, on joue avec le soleil et la pluie (pas fait gaffe, super coups de soleil le premier jour…), on range et on dérange et on rerange, on tente de faire des achats pour remplir le frigo en ligne (puisqu’on est interdits de sortie avant mardi) mais ça n’est pas possible, on mange mal du coup … , on trace petit à petit des choses faites sur notre « todolist » comme par exemple

  • remettre le dessal en route
  • hisser la grand-voile
  • faire tomber la dérive
  • laver tout le linge qui a passé huit mois dans des sacs étanches
  • récupérer la nouvelle annexe et faire tourner son moteur
  • obtenir des devis du voilier pour les réparations à faire
  • prendre l’apéro avec les 2 autres bateaux voyageurs
  • chercher un paddle
  • changer le tuyau de la douche extérieure…

et il en reste tant … mais on a le temps, la météo se remet à la bonne (pas mal de pluie ces derniers jours donc pas de travaux en extérieur).

Je me réjouis de demain : on attaque le nettoyage de la coque … si seulement j’avais des super pouvoirs …

Et puis samedi on aura deux mains en plus pour bosser !

Bisous à vous toutes et tous, et à tout soudain

 

29 janvier, Puerto Montt

Le Grand Voyage de Hugo commence

Tellement contente !!!

 

5 février 2021, Puerto Montt, le temps file …

Oui le temps file, trop vite, la preuve : on est déjà le 15 février, et je n’ai rien écrit depuis qu’on est arrivés … J’ai perdu le fil du temps, les jours passent et se ressemblent un peu, et ne se ressemblent pas non plus, c’est variable. Le décalage horaire entre l’Europe et le Chili aide à cette confusion et cette sensation de perte de repères ; on est encore beaucoup en lien avec nos proches à distance, à chercher à quelle heure s’appeler, moments où on partage notre café avec leur apéro, sensation de journées accordéonnées.

On est super contents d’avoir à notre bord Hugo, notre fils aîné, qui vient de diplômer et qui s’offre quelques mois de vacances bien méritées, avant d’attaquer sa vie professionnelle. On est ravis de pouvoir partager avec lui cette aventure du Pacifique, depuis le début : les préparatifs et les travaux, les 3-4 semaines de navigation pleine mer qui nous emmèneront vers les iles aux noms charmants, Gambiers (Gaioio, Tekava, Agokono), Marquises (Ua-Huka, Fatu-Hiva, Hatutu) ou encore Tuamoto (Ahe, Fakarava, Apataki, Manihi).

On perd le fil du temps aussi car on vit le temps comme il vient, et on prend le temps de vivre ce qui vient. Il faut dire que le soleil se pointe vers 7h30 et nous quitte tous les soirs vers 21h-21h30, on se dit donc qu’on a le temps de faire tout ce qui est à faire .. et donc le temps de prendre le temps. Le hic, c’est nos trois rythmes différents, et nos envies différentes, et parfois il y a collision entre envies et obligations … en même temps, c’est pour quitter le monde des obligations que nous avons suivi nos envies, alors quoi ? le duel continue ? oui oui, en tout cas en phase de préparatifs.

Trois semaines que nous sommes à nouveau sur le bateau, 3 semaines que nous vivons à nouveau au bord de l’eau (le bateau sur son ber), 3 semaines que nous nous remettons à l’espagnol (merci les traducteurs en ligne qui nous sauvent la vie chaque fois qu’on adresse une demande spécifique à quelqu’un – mais … je dois dire que je suis de plus en plus à l’aise dans le small talk du quotidien), aux rythmes chiliens (oui oui, on passe vous apporter cette pièce « al medio del dia » … ok, le milieu de journée … donc potentiellement entre 12h et 16h. Ou encore « pour mardi, oui c’est bon, la voile sera réparée ! » … mais on oublie de préciser de quelle semaine on parle … ). Donc on est là depuis 3 semaines, et l’idée c’est bien évidemment de préparer le bateau pour la suite du voyage.

Le préparer, ça commence par vouloir dire nettoyer les coffres, les placards, les sols, les soutes, les cales, et puis ranger, ranger nos affaires rapportées d’Europe, ranger tout le bazar qu’on avait mis dans le bateau avant de partir (tout était sorti, ouvert, démonté, pour être à l’abri de l’humidité), et puis après c’est le principe des vases communicants, infiniment : dès qu’on met du bordel à un endroit pour bricoler et pour ranger, on en crée ailleurs.

Ensuite, la liste des choses à faire est longue, entre

-les voiles : à hisser, observer, retirer, porter chez le voilier pour les remettre en état

-la coque : poncer l’antifouling sur les 14m de long et 4m de large, frotter la coque pour que l’alu redevienne tout beau et brillant, peindre l’antifouling -en deux couches bien évidemment-

-honorer les propositions d’apéro avec les équipages rencontrés sur le terre-plein

-la dérive : la déposer, la préparer, trouver le soudeur qui pourra intervenir (ça nous a bien pris une semaine), l’apporter au soudeur (et donc trouver un transporteur, 2 jours de plus), la récupérer pour la remastiquer, la repeindre (2 couches elle aussi) et la refixer (ça, c’est une autre partie de plaisir puisqu’elle pèse bien 200 kg et que le chemin d’accès n’est pas tout simple. En cherchant à la remettre en place, j’ai lâché trop de corde d’un coup ce qui lui a permis d’aller se bloquer dans son puits .. et en tentant de la débloquer et de la hisser à nouveau vers le haut, on a fait péter un taquet de pont … donc il faudra le changer, ce qui veut dire déshabiller le plafond de la cabine pour atteindre les vis sous le pont)

-roder l’annexe pour faire la révision du moteur avant notre départ : Hugo adore partir se balader le long du chenal, ça tombe bien, ou mieux encore, faire un peu de paddle-surf !!

-faire les courses de bouffe et les avitaillements non-frais, comparer supermarchés entre eux, et marché communal

-préparer les conserves de ratatouille (12 pots), de poulet-curry (4 pots) et de sauce basquaise (4 pots) dans laquelle on pourra plonger le poisson fraichement pêché, et stériliser le tout

-prendre le temps d’aller piquer une tête dans l’eau fraiche (20 degrés, ça va très bien !) ou d’une balade trop rare sur la petite île de Tenglo, juste en face de notre petit port

-nettoyer les cuves à gasoil, vidanger moteur et dessalinisateur

-trouver des nouvelles batteries pour les changer avant de partir, car notre hydrogénérateur pourrait ne pas être utilisable (fuite d’huile depuis la révision)

-aller en ville pour y trouver des pesos, des bouteilles de gaz, de l’huile moteur, des rouleaux de peinture, des bouteilles de vin, du fromage qui soit bon et qui se conserve, etc… tout ça en respectant les directives sanitaires (deux sorties par personne par semaine, pour 2-3 heures), dans des endroits bien évidemment tous différents, et situés à tous les coins d’une ville que nous ne connaissons pas,

Enfin bref, chaque jour on trace des choses de notre liste, et chaque jour on en rajoute, c’est infini. Et c’est bien sympa !

Ah, et puis nous avons eu la cérémonie de remise de diplôme de Hugo cette semaine !! en live, en ligne, depuis notre petit « salon » à la marina. Quand-même un élément important, célébré dans le plaisir et la bonne humeur !

Le bateau devrait retrouvera l’eau aujourd’hui ou demain, chouette, on va retrouver les sensations d’une maison flottante avant qu’elle se retransforme en maison itinérante. Reprendre pied sur un plancher instable, ressentir le mouvement de l’eau et des vagues, retrouver le plaisir de sauter sur le ponton plutôt que de descendre les 3-4 mètres d’échelle chaque fois que tu « sors ».

Ca veut dire aussi que le départ se rapproche, et que la suite va se concrétiser … faire quelques ronds dans l’eau pour vérifier que tout fonctionne bien, se rapprocher de Valdivia (24 heures de nav en direct une fois qu’on sera sorti de la zone protégée par l’ile de Chiloé), retrouver nos amis sur les bateaux Max et Fratelli, avec qui nous voguerons joyeusement vers la Polynésie, plein cap nord-ouest pour remonter de quelques centaines de miles pour attraper les alizés, et puis hop, plein ouest pour filer sur les Gambiers, cette région incroyable où les atolls marient le bleu et le blanc dans toutes leurs nuances, et déclinent le turquoise à l’envi, on se réjouit !

 

2 et 3 mars, Balade entre Osorno-ville et Osorno-volcan

J’écris depuis Valdivia, en observant Hugo qui ne cesse de guetter les moustiques et autres ennemis ailés qui passent dans le coin … il faut dire qu’il se fait boulotter dans tous les sens. Il a dénombré pas moins de 99 piqûres l’autre matin, ça fait beaucoup pour un seul homme. Du coup, il devient expert en stimouques et nonos, il a lu tout ce qui pouvait se lire sur le sujet et nous fait des exposés de temps à autre, quand il n’est pas en chasse, tapette et bombe anti-moustiques à la main.

Et pendant ce temps-là, que se passe-t-il au Chili ? Valdivia – reconfinement pour un mois annoncé – Osorno’s pour se dépayser – bonne nouvelle au retour – problèmes d’énergie – alerte au tsunami … décidément, on joue avec les émotions en ce moment !

Puisque nos demandes d’autorisation pour entrer en Polynésie Française ont été envoyées vendredi, on décide de profiter de quelques jours pour aller visiter la région des lacs et des volcans, donc un petit « retour en arrière » géographique dans la région juste au nord de Puerto Montt, à 2h30 de route de notre rivière. Le temps qu’on se décide (quel jour ? combien de temps ? quelle voiture ? quel hôtel ? combien de personnes (entre 5 et 11 quand-même) et qu’on passe à l’action, un nouveau confinement d’un mois est à nouveau prononcé et nous laisse finalement le temps de nous échapper seulement 2 jours … pffff …

Donc on choisit d’aller voir le volcan Osorno de plus près, et le lac de Todos Los Santos, avec les chutes magnifiques de Petrohue. En s’arrêtant à Osorno pour le dèj (ville homonyme au volcan, mais pas du tout située au même endroit … !) et à Puerto Varas pour la nuit. Puerto Varas étant reconnue pour la parfaite intégration de l’architecture bavaroise au Chili … euh, pas génial !

Intérêt majeur de Osorno (ville) : son incroyable cathédrale. Dans un pays aussi catholique et pratiquant que le Chili, on s’attend à une cathédrale dans la plus pure tradition (bon d’accord, mes sources sont un peu limitées, mais entre la cathédrale de Lausanne, de Chartres, de Paris, de Rome, de Barcelone ou d’ailleurs, j’ai une image assez précise en tête …) eh bien non, autant surprenante que la cathédrale de Rio de Janeiro, voici la cathédrale de Osorno !!!

  

En fait, c’est la cinquième cathédrale de cette petite ville. La première construite en 1577 a été détruite par la guerre, puis la seconde par un tremblement de terre, la troisième par un incendie majeur, la quatrième par le séisme de 1960, puis voilà la cinquième encore debout, mais fermée grâce à covid …

Dans cette petite ville de 140’000 habitants, il fait beau et chaud, l’architecture est similaire à beaucoup de villes sud-américaines : pas très belle … du bric, du broc, du bricabrac, un mélange de ciment, de tôle ondulée, de contre-plaqué, des bâtiments de petite hauteur, fenêtres grillagées, maisonnettes derrières leurs grilles, aucun style particulier, chacun fait un peu comme il lui plait. Beaucoup de couleurs, pas toujours super accordées, des fils électriques partout, des devantures fermées ou derrière des vitres tellement poussiéreuses qu’on se dit que les boutiques sont désertes (mais ce n’est pas le cas), et partout où se trouvent des banques et des organismes d’aide publique : des kilomètres d’hommes et de femmes qui attendent leur tour au guichet.

Lunch en terrasse sans voitures, chouette on peut profiter d’un restau !! Ca fait tellement longtemps qu’on n’a pas pu savourer ce plaisir … découvrir la carte, la traduire, imaginer, choisir, et puis patienter jusqu’à ce que « ça arrive tout cuit » sur la table !!! quel régal, je savoure !

Ambiance à la sieste dans la voiture après le dej, Herve est bien courageux de reprendre le volant… soleil et chaleur sont propices à l’endormissement.

On rigole sur la route, car on a loué un 4×4 toutes options, et en allant le chercher, les gars découvrent que c’est un 2×4 sans aucune option, hormis les vibrations du volant, la clim qui ne marche pas, les cling-cling dans tous les sens, l’absence de taud sur le haillon arrière, aucune assistance sonore, bref, le luxe à la chilienne.

On traverse une région faite de forêts qui s’étendent sur des petites collines, on dirait presque qu’elles sont organisées, plantées par l’homme, structurées, toutes les essences similaires poussent par paquet. Une grosse touffe d’eucalyptus plantée au milieu des sapins, et puis les bambous se frottent à d’autres feuillus, une entaille par-ci d’arbres abattus, des nouveaux plantés par-là.

Campagne au temps des chaumes, les paysans préparent l’hiver de leurs vaches, les blés sont roulés embobinés de blanc. Arbres fruitiers, eucalyptus pointant haut dans le ciel, platanes gigantesques, résineux et épineux, bambous et buissons de mûres. Pas de doute, on est dans la région de l’industrie laitière par ici : des prés et des bocages, des chaumes qui sèchent au soleil, et des vaches de toutes les tailles et de toutes les couleurs en stabulation libre, s’abritant du soleil à l’ombre des grands arbres.

Au loin dans notre viseur, les volcans Osorno et Calbuco et Tronador pointent dans le ciel, jouant avec les différents étages de brume et de nuages.

Il y a 33 jours, quand Hugo est arrivé, Osorno était tout blanc. Aujourd’hui la neige a bien fondu … On se balade dans la région en admirant ce sommet pointu presque parfaitement japonais enneigé, sur un fond de ciel bleu, dominant une végétation bien verdoyante. L’énergie est belle, la lumière aussi.

On arrive au parc de Petrohue pour venir visiter ses fameuses chutes, après quelques heures de route quand-même, et voilà-t-il pas que les chutes sont fermées car les ponts sont en réparation … argghhh !! bon, on profite quand-même du coin pour se balader dans cette nature proche de ce qu’on a trouvé en Patajolie, arbres à toutes petites feuilles, branches serrées, flore tortueuse, petites mousses, et des contrastes magnifiques entre l’eau et la terre.

Petit tour aussi au Lago de Todos Los Santos, dont on ne peut faire le tour ni réellement profiter car il n’y a pas de sentiers de balade ni de points de vue particuliers. On flâne le long de la grève en imaginant au loin la frontière avec l’Argentine toute proche : Bariloche est « juste de l’autre côté » de la montagne, à quelques jours de marche.

Sur le chemin du retour, on s’arrête au milieu de « Ensevada pas-grand-chose » pour croquer un filet de truite. Une petite baraque avec 4 tables en plastiques flanquées sous un haut-vent au bord du lac de Lanquihuhe, calme de milieu de journée, énergie basse d’avant-repas, mince alors on a encore 2h30 de route avant d’arriver à Valdivia (où il faut se dépêcher de faire quelques courses pendant qu’on a la voiture et avant que le couvre-feu nous tombe dessus, puisque dès demain c’est confinement) ; et là, en attendant notre petite assiette, là tombe la nouvelle tant attendue : on reçoit le feu vert pour la Polynésie !!! On n’y croyait pas-plus, on faisait les mauvaises langues, on critiquait tout et son contraire, en dépit des démarches que nous avions faites, en dépit de tout, … et là grand bonheur, légèreté et joie à nouveau présente, la vie nous semble pétillante, on est dans la réjouissance et l’immense gratitude de savoir qu’on peut enfin partir, et surtout qu’on peut arriver de l’autre côté, qu’on ne sera pas refoulés !

Après notre lunch bonne nouvelle, la route nous semble toute facile et passe vite, chacun.e voguant au gré de son imagination et de ses souvenirs vers les Gambiers, Hervé et Corine de Max sont déjà passés par là-bas et se réjouissent d’y retourner, nous on a hâte de découvrir.

En rentrant, nouvelle surprise : le bulletin d’alerte de Météo Chili nous annonce un tsunami possible sur les côtes chiliennes en raison du tremblement de terre en Nouvelle-Zélande. Bon, après étude du message, on nous annonce une vague sur les côtes de l’ordre de 0.3 à 1m … une vague, quoi. On se pose quand-même quelques questions sur le temps que pourrait mettre ladite vague à vider notre rivière dans ses signes annonciateurs, puis à nous attraper en remontant le long du bras où nous sommes bien abrités, combien de temps il nous faudrait entre les deux mouvements pour quitter le bateau et aller se mettre en sécurité dans la maison de notre gardien Raùl, bref, on rigole et … on garde en arrière-pensée cette possibilité, ce nouveau grain de sable qui pourrait se glisser dans nos rouages …

Au lever ce matin, aucune inquiétude, aucun mouvement senti pendant la nuit, RAS …

Journée « approvisionnements » encore, c’est long de remplir un bateau sans le faire couler, de le remplir de tout ce qui nous rendra la vie douce pendant nos 3-4 semaines de navigation au milieu du bleu, et des semaines aux Gambiers où nous aurons accès à des appros modestes. Dire que les boissons ne sont pas encore à bord, ni les produits du marché, fruits, légumes et autres … on y retourne dimanche, pour notre deuxième sortie autorisée de la semaine, et puis la semaine prochaine ce sera autour du marché juste avant le départ, et un dernier supermarché pour les 90 œufs, le jambon des sandwiches à congeler, le pain frais, le filet de bœuf à portionner et à congeler, le beurre salé, …

Life goes on, plans are made to be changed

Mon Mar 22 2021, Valdivia, Chili

Salut tout le monde,

Eh bien, nous en sommes à notre quatrième barbecue dominical et chilien à Valdivia, autant dire que les amarres sont bien attachées … l’herbe pousse sous la coque, la ligne de flottaison est marron-brun, pffffff … 1 mois déjà à Valdivia, 2 mois au Chili … Heureusement, ce lieu est magique. Sérénité et calme absolu, les lumières sont magnifiques le matin, splendides en fin de journée, on entend les oiseaux et … les oiseaux, et puis le vent dans les roseaux.

Tout était prêt il y a 10 jours pour le GDPF (Grand Départ vers la Polynésie Française), mais c’était sans compter sur l’intervention de Monsieur Volvo qui nous a fait savoir que son boitier MDI était KO … tout ca juste avant d’enquiller 3700 Nm … traduction : plus de contrôle moteur pour pas loin de 7’000 km à parcourir, principalement à la voile. Ce qui est paradoxal avec les voiliers, c’est que leur moteur fait partie de l’équipement de base qui se doit de fonctionner à 100% dans n’importe quelles conditions … C’est lui qui recharge les batteries, c’est sur lui qu’on compte pour entrer dans les passes des atolls, c’est lui qui nous permettra de faire la meilleure route possible, donc impossible de partir sans lui !

Donc on attend la livraison de la pièce de rechange, on attend de vérifier que c’est bien le problème identifié, et puis hop, on pourra enfin filer toutes voiles dehors, cap au NNW puis NW puis plein ouest !!! Ca pourrait bien être pour cette fin de semaine …

Croisons les doigts, et en même temps, on est au Chili, alors chaque jour apporte son lot de surprises … Let’s see … Let’s sea …

 

Ca y’est, c’est parti pour la TransPacifique !!!

TransPac – J1

Tue Mar 30 2021

Peu bavards car pas encore amarinés.

Partis avec le soleil, la sieste nous est tombée dessus à l ‘heure de la brume. Depuis, on ne voit ni les étoiles ni le soleil. C’est carrément un haut plafond nuageux maintenant.

Beaucoup moins de vent que les prévisions nous le laissaient croire, là on se traîne à 4 nd, avec 8 nd de vent, plein arrière, trinquette et génois en papillon, GV bien au chaud dans son sac. Températures plutôt fraiche, entre 15 et 17 (c’est frais quand on ne bouge pas). Les vagues ressemblent à des collines, impressionnantes. À priori, on sera dans la molle pendant plusieurs jours … patience patience.

Au niveau loisirs: Hervé fait marcher le bateau, Hugo prend le vent et bouquine, et il s’occupe aussi de réchauffer les bons petits plats, et moi je me vautre dans le canap ou le fond du seau, à tenter de maitriser mes horizontales et mes verticales qui sont changeantes en permanence.

Et puis magnifique compagnie cet après-midi d’un troupeau de baleines, ou d’un banc de baleines, ou un groupe enfin plein de baleines !!! Des pschiiits à gauche, puis à droite, et les mecs les observaient nager sous la poupe du bateau, trop bien !

Il est temps de retourner à mon horizontalité, c’est vraiment là que je suis le mieux, à rien faire hormis écouter tous les bruits du bateau.

Distance parcourue ces dernières 24h : 150 miles nautiques

    .   

 

TransPac – J2

Wed Mar 31 2021

Ca s’améliore gentiment, à tout niveaux.

De un, on a du vent, et pas qu’un peu !!! On a passé la nuit autour de 25 kn plein sud bien appuyés, faisant route plein nord, toujours en papillon. Dans la journée ca c’est calmé le temps qu’on reprenne notre souffle et le temps d’un repas, et hop c’est reparti, on est de nouveau à 20. Le bateau avance entre 6 et 8 bons noeuds, soit une vitesse entre 11 et 15 km/h. Ca vous semble lent ? … je vous promets que quand on est dans cette machine à laver, c’est bien assez rapide.

Bon, quand-même 167 miles en 24 heures, c’est pas mal !

Pour dormir, par contre, c’est difficile… imaginez vous étendre sur le dos sur une slack-line à 10 cm du sol, et tentez de vous endormir. C’est pas gagné! On tombe sans cesse, un coup à gauche, un coup à droite, et re-gauche, re-droite, indéfiniment… Donc pas mal de siestes à tour de rôle.

De deux, j’arrive presque à sortir du canapé mais c’est pas encore ça … patience, je me donne trois jours. Et ce soir c’est quand-même moi aux casseroles, et je fais mes quarts aussi. Me manquent encore l’énergie et un truc qui marche correctement entre les deux oreilles.

De trois, il fait de moins en moins froid, et c’est bien agréable, même si on fait encore pas mal les ermites sous nos bonnets, capuchons et polaires.

Et puis sinon la mer est belle, dans tous les gris noir bleu argent graphite ébène étincelants ou complètement éteints, c’est toujours aussi magique. Et les oiseaux du grand large, si aériens, puissants, légers, élégants.

Par contre … quel bruit autour de nous !! Je n’ai pas encore écouté de musique ni livre audio tellement le niveau sonore dans le bateau est élevé. Entre les choses qui s’entrechoquent, les cordages qui claquent, la mer qui monte à l’assaut des francs-bords, l’eau qui s’enroule sous la coque, les voiles qui faseyent sous les rafales de vent, le bateau qui craque dans tous les sens, ça sature nos oreilles.

Quelques baleines au loin, sous le plafond gris, parfois déchiré par quelques nuages bleu, perdues dans cette immensité.

 

TransPac – J3

Fri Apr 02 2021

On se creuse les méninges pour savoir quoi vous raconter… parce qu’il ne se passe pas grand chose dans nos journées, ni nos nuits … haha, eh oui, la vie en bateau peut être très routinière.

J’aimerais commencer par vous dire merci à toutes et tous qui nous envoyez des coucous par la magie des satellites, ils nous font du bien et surtout nous permettent une fois de plus de réaliser la chance que nous avons de pouvoir parcourir les flots presque librement.

Immense gratitude.

Vos messages nous donnent envie d’oublier nos petits désagréments quotidiens pour vivre pleinement ce voyage en vous emmenant avec nous, pour partager avec vous la joie et l’énergie de la mer, l’émerveillement et les découvertes à venir, pour vous envoyer plein de cette beauté sauvage et indomptable.

On pense fort à vous qui subissez les assauts de c19 et ses cohortes d’effets collatéraux, … courage et patience.

Myriades avance plutôt bien (155 Nm/24h) toujours sous ses deux voiles avant qui nous hissent un peu plus chaque jour vers le nord. C’est la route que Hervé a choisie (droit au nord, puis plein ouest) car même si nous devons naviguer quelques jours de plus, c’est le chemin qui nous permettra d’avoir la meilleure mer et les meilleurs vents possibles, d’éviter le train de dépressions qui remontent beaucoup plus au nord que prévu, et d’éviter donc de naviguer face à des vents importants. Quand on sait que la houle ces derniers jours était proche des 4m50, on n’a pas envie de se prendre ces vagues dans le nez …

Aujourd’hui, jour de manoeuvres pour affiner le réglage du tangon, on a monté la belle bulle rouge du code D dans un moment de ciel bleu alors que le vent était plutôt doux, Hugo a terminé son premier volume de Millenium (commencé hier), Hervé a termine la première saison de sa nouvelle série, on a tous pris une bonne douche bien chaude (après 4 jours de toilette de chat, c’est teeeeelllllllement agréable de passer sous l’eau), on a mangé notre dernière salade verte fraîche, j’ai fini deux polars, …

ah, et aujourd’hui on va enfin faire nos quarts comme on a décidé de les faire depuis le début, mais qu’on a encore pas fait … parce que la première nuit b’en personne n’était suffisamment bien pour s’imposer un truc et les gars ont un peu fait l’impasse sur moi en prenant la nuit tous les deux, la deuxième nuit Hervé s’est endormi direct après le repas donc on a changé les rotations, la troisième nuit j’étais tellement réveillée que j’ai laissé Hugo dormir 1h30 de plus, mais lui pendant ce temps ne dormait pas (ce que je ne savais pas), et on s’est retrouvés tous les trois comme des cons debout à 4h30 du mat, donc ce soir, grande première, nous respecterons les quarts définis.

Hervé prend de 21h à 24h, Mel de minuit à 3h, Hugo de 3h à 6h, et Hervé remonte sur le pont à 6h pour son café-clope matinal.

Donc voilà, il est l’heure pour moi d’aller me coucher, de tenter de dormir dans cette machine à laver, on vous embrasse fort tous les trois et on profite pour vous de tout !!

 

TransPac Valdivia-Gambiers, notre VG à nous, J4

Fri Apr 02 2021

Ici le vent souffle en moyenne à la vitesse à laquelle les coureurs du VG avalent les océans avec leurs 60 pieds, alors autant dire que toute comparaison avec le Vendée Globe s’arrête là par rapport à notre balade en mer.

Mais, quoi que … dans les similitudes, nous avons polishé la coque à fond comme eux, même si on ne rivalise pas dans les longueurs, nous avons aussi deux safrans, nous avons un jeu de voiles avant interchangeables qui ne s’appellent pas J quelque chose, mais G qqch, T qqch mais Code D, chez nous aussi ca fait un max de bruit, ca roule dans tous les sens, nous avons aussi toute une équipe technique qui nous suit pour les routages et les questions d’outillages -merci Jean, merci André, merci Philippe et ceux que j’oublie- et une équipe de communication -merci Nathan- et puis les moyens de communiquer avec nos bateaux copains en mer pas loin de nous.

A ce propos, on devait prendre le départ de ce VG particulier avec deux autres navires, mais l’un est parti 2 semaines avant nous pour des raisons d’équipage (et se trouve actuellement à 2000 Nm de l’arrivée avec 100 litres d’eau douce à bord, suite à leur panne de water-maker …), et l’autre bateau est parti 5 jours avant nous puisque la fenêtre météo était belle, qu’ils étaient prêts, et pas nous. Pas de raison de les forcer à nous attendre.

Donc on fait notre VG en solo, et même en trio avec notre Hugo. Qui s’acclimate super bien, qui est un crew-mousse en or, qui se plonge dans ses bouquins, qui assume ses quarts les yeux fermés (au propre comme au figuré, parfois, haha, comme nous), et qui se réjouit de retrouver le soleil.

Et puis, dans les similitudes encore, nous avons nous aussi notre liste d’avaries quotidiennes qui viennent pimenter nos journées harassantes … le réveil ne fonctionne pas, les carottes pourrissent plus vite que prévu, le soleil ne pointe pas le bout de son nez, on a fini les bons petits plats que j’avais cuisiné d’avance, les batteries de nos liseuses s’épuisent rapidement, il faut cuisiner sans s’ébouillanter dans une mer agitée, bref, vous l’aurez compris, tout va bien à bord.

Notre route prévue pour la semaine à venir est sans surprise : plein nord, avec vent du sud ; on continue à papillonner. Avec ô joie ô bonheur (tu parles) deux jours de pétole et des vagues ce weekend, … mhhh, on se réjouit.

Pour l’instant -et depuis notre départ- le ciel est gris, la mer est grise, la température de l’eau se réchauffe (pas loin de 20 degrés), l’air s’y aligne, les lignes de pêche ne filent pas à l’arrière du bateau car on n’a pas du tout envie pour l’instant de dépiauter un poisson sur la plage arrière dans ces conditions, et le frigo est encore trop plein.

Voilà pour notre quatrième jour de VG, avec 170 miles parcourus depuis hier.

Mille doux gros becs, Joyeux weekend de Pâques à vous, avec choeur de cloches et bouquets de lapins, on pense fort à vous,

2HM ou HMH ou M2H ou MHH ou HHM … enfin, nous quoi.

 

2 avril encore, mais pour moi …

Ici j’écoute les vagues chanter et le rythme qu’elles imposent au bateau met en résonance toutes sortes de bruits, en continu.

Au bout de 5 jours, je peux dire que ca y est, c’est bon au niveau amarinage, mais il n’en reste pas moins une gestion de la mer parfois difficile.

Je n’ai sorti encore aucun crayon, me contente de l’ipad pour écrire quelques mots, et ça bouge mille fois trop pour tenter de sortir la boite à dessin. Le seul intérêt majeur à cet amarinage  : la désaccoutumance immédiate aux apéros et au café, et à tout ce qui est lourd pour le foie ou l’estomac.

Les nuits ne sont pas reposantes car c’est difficile de s endormir dans un tel mouvement continu, ton corps ne peut jamais se détendre car tu compenses tout le temps, et si par bonheur le sommeil s’invite, une vague vient vite chasser Morphée de ton lit.

Les quarts se passent bien, parfois on déborde un peu, mais en gros on tient notre rythme.

La vie a bord est toute douce, assez silencieuse car chacun se réfugie et s’échappe et s’occupe dans son livre ou sa série, y’a des siestes aussi, et les journées sont finalement assez courtes pour moi vu que je me lève vers 9-10 selon la nuit, et que je me couche vers 21 pour prendre mon quart à minuit.

Difficile aussi de bouger, j’ai réussi hier a faire 15-20 min d’exercices dans le carre, c’est pas assez mais c’est déjà ça, si maintenant j’arrive a le faire chaque jour ça ira de mieux en mieux. (Note du 15 avril : ça a bien dû m’arriver 2 fois depuis ce jour là … re-note du 28 septembre : ce sont vraiment des épisodes très rares !!)

La tête ne gamberge pas trop, je suis plutôt zen, sans réelle conscience de ce que veut dire 30 jours en mer, pour l’instant on est a 5 et chaque jour apporte ses petits plaisirs et petits razlapatate. Encore 3 fois ce qu’on a fait, et on aura fait la moitié …. aie, la ça fait mal … donc je n’y pense pas, je suis un peu dans le déni. Mais je savoure néanmoins chaque instant, rassurez-vous, j’aime toujours autant laisser mon esprit s’envoler avec les oiseaux marins et planer au dessus de ces étendues d’eau infinies, parfois j’ai peur aussi tellement on est loin de tout, seuls, totalement isoles, et je m’efforce de faire confiance, de lâcher prise, de penser positif, de penser fort à nos anges gardiens et tous ceux qui nous entourent et nous accompagnent, et puis je reviens a des éléments plus factuels, comme la solidité du bateau en alu et la prudence avec laquelle on navigue … Encore 5 fois ce qu’on a déjà parcouru et on sera proches du but.

 

TransPac, Jour 5

Sat Apr 03 2021

Aujourd’hui on a couru après les oeufs, chassé les lapins, suivi les cloches, mais tout ce qu’on a attrapé, c’est un petit thon blanc à longues nageoires pectorales latérales, dont les filets sont déjà levés et réfrigérés pour notre repas de demain.

A vue de nez, il mesurait … 1m50 dit Hervé, 55 cm dit Hugo … Ce petit poisson est venu taquiner le leurre d’un peu trop près alors que la ligne était dans l’eau depuis à peine une demi-heure. Trop courte la partie de pêche ! Mais bon, on a décidé de pêcher pour manger, pas pour le plaisir de pêcher … parce que mine de rien, même si le “no kill” consiste à relâcher le poisson, il n’en reste pas qu’il peut être sérieusement amoché par la séance, ou simplement traumatisé … bon, d’acc, ils n’ont peut-être pas une immense cervelle ni boite à émotions, mais quand-même.

Sinon, rien de spécial, il fait toujours gris, pas trop froid, l’eau est à 22 (mais pas l’air), le vent tombe progressivement (10 kn à cette heure), aujourd’hui c’est les courgettes qui verdissent, Hervé fait sauter les steaks dans la poêle, les patates sont cuites, on va passer à table.

Bon app à tous, plein de bisous et douce nuit.

Ah oui, 167 miles au compteur des dernières 24h …

        

 

TransPac, Jour 6

Sun Apr 04 2021

Ô bonheur que ce calme aujourd’hui…

Pas de vent, ou à peine,

Pas de vagues, ou légères,

Pas de bruit, ou seulement le chant du spi, léger chuintement dans l’air tranquille.

Les gris se côtoient et se fondent,

Entre ciel et mer, pas de frontière,

L’air est doux, nous vivons dehors,

Le bonheur simple dans ce calme serein.

Petit tour du côté du potager,

C’est les haricots qui passeront à la casserole.

Et pour nous régaler en fin de journée,

Un délicieux thon en ceviche.

Beau lundi à vous,

Belle nuit à nous sur cette eau tranquille,

Volvo nous aide à grappiller quelques miles.

123 derrière nous.

Et tout autant de Bisous

 

TransPac, Jour 7

Tue Apr 06 2021

Magnifique journée d’été ici sur l’eau aujourd’hui !

On a remis le taud pour se protéger du soleil, la température est douce, les coussins ressortent dans le cockpit pour le confort de nos fessiers (mis à mal par tellement d’heures passées à lire, à attendre, à vivre simplement), les gars ont troqué pantalons contre shorts et t-shirts, et ce climat serein nous a baigné toute la journée dans une ambiance très estivale.

Le thermomètre affiche 23 degrés pour la mer, et l’air flirte avec les mêmes températures, de jour presque comme de nuit. Comme on profite des petits airs pour afficher notre bulle rouge bien haut dans le ciel, on privilégie les miles à la baignade. Oui oui, on a hâte de trouver les courants thermiques bien installés (ca restera à confirmer) des alizés.

Coucher de soleil doré à souhait sur une mer tranquille, bleu sombre, irisée des rayons de fin de journée, c’était magnifique.

La nuit s’est installée sur le code D toujours bien rouge bien haut, éclairé dans la nuit par la lampe de pont. Au-dessus de cette belle bulle, la voie lactée scintille de milliers d’étoiles ; la Croix du Sud est bien visible, fidèle au poste, portant bien son nom puisqu’elle est pile au 180. Pas de lune pour le moment, mais c’est incroyablement lumineux, magique, splendide.

Hugo vient d’émerger pour prendre son quart, Hervé dort comme un loir, et moi je file sous la couette (il est 3h30) et vous dis bonsoir. Enfin, bonjour puisque le soleil est debout chez vous. Bisous doux.

   

 

TransPac, Jour 8

Wed Apr 07 2021

8 jours déjà, 8 jours seulement.

Cette nuit, le ciel ne nous offre pas sa myriade d’étoiles, sa voute céleste reste obscurcie par les nuages qui nous ont rattrapé en fin de journée.

Cette nuit, le bateau n’embaumera pas la bonne odeur de pain qui cuit, la mer est trop agitée.

Toute la journée nous avons continué à papillonner toutes voiles avant dehors, avec un soleil voilé mais présent quand-même. Le climat estival perdure et c’est bien sympa. Mais à l’ombre, il fait encore frais.

A l’heure du déjeuner, bientôt comme d’hab, les lignes de pêche ont sifflé et ont commencé à se débobiner alors que nous allions croquer dans notre délicieuse salade de tomate parfumée avec les dernières feuilles de basilic frais, et le dernier filet de notre petit thon snacké au sésame.

Vite vite les gars sautent sur les cannes, moulinent à tour de bras (l’un mouline à fond, l’autre plus tranquille, je ne dirai pas qui est qui …) et remontent deux jolis poissons argentés, lignés de bleu, bien dodus vifs et rebondis, l’oeil rond et la lèvre ornée d’un poulpe en piercing. Le temps de les identifier : deux petits thons Skipjack, le temps de leur tirer le portrait, de les déshameçonner et les voilà plongeant rapidement et immédiatement disparus, retournés de là où ils étaient venus.

On se demandait après cet épisode comment ces deux petits gars allaient faire pour retrouver leur bande de thon-potes pour leur raconter leur incroyable et terrible aventure. Parce que c’est pas drôle si non seulement ils se retrouvent tout seuls, mais en plus ne peuvent pas partager leur histoire !

La fin de journée nous a offert un coucher de soleil enflammé sous un plafond de plomb, ligne rouge à l’horizon.

Les vents se sont relevés et ont modifié un peu leur route, nous aussi d’ailleurs puisque nous commençons à mettre un peu d’ouest dans notre direction. En prévision des vents à venir, et pour répondre au vent présent. Du coup, on a rangé le spi et remonté GV + génois, de manière à être plus réactifs face à ce ballet aérien incessant. Le calme de ces deux derniers jours est bien derrière nous, le bateau recommence à s’agiter dans tous les sens sur une mer encore relativement douce, mais sous des vents très variables tant en force qu’en direction. Ça tournicote là-haut !

     

 

TransPac, Jour 9

Thu Apr 08 2021

Cette journée nous ballotte dans tous les sens, une houle de 2 bons mètres nous fait le plaisir de sa visite depuis le milieu de matinée. Ça roule ça roule, sans cesse, tout bouge et tout glisse, tout file et tout risque de se casser la figure.

Heureusement une tite accalmie se présente dans l’après-midi pour que l’atelier pratique du jour puisse se mettre en place : réparer la butée du rail du tangon. Ça veut dire monter au mât. Ni une ni deux, notre Hugo escaladeur enfile le baudrier et ses baskets, vient écouter les consignes au pied du mât, et puis s’envole sous la traction de la drisse de spi. Sous le regard et les conseils d’un Hervé très pro et attentif, le duo de choc parvient à ses fins.

Autre problématique à résoudre ces prochains jours :  nous avons trois indicateurs différents pour mesurer la distance parcourue, qui a priori se basent sur les mêmes outils (gps etc), et qui nous donnent des résultats tout à fait différents. L’un nous indique 118 miles parcourus en 24 heures, le second nous en donne 150 et le troisième se situe dans la fourchette. Nous relevons notre position chaque fois, en même temps que nous relevons les compteurs, et arrivons encore à un résultat différent ; ce qui est normal puisque nous traçons une droite entre les deux points gps, qui ne tient pas compte de la route réellement parcourue (on zigzague pas mal quand-même). Donc on refera l’exercice demain pour tenter se définir lequel de ces indicateurs est le plus proche de la réalité, et essayer de cerner pourquoi il existe une telle variation entre les trois indicateurs.

Le vent s’est enfin sérieusement relevé en fin de journée, nous emmenant dans le ballet incessant des horizontales et des verticales ; le bateau file dans la nuit et pédale à toute vitesse dans des bruits aquatiques parfois inquiétants, la vague de notre sillage chante fort, le puits de dérive aussi ; les placards regorgent de différentes sonorités d’objets remuant et s’entrechoquant pour former la mélodie du bateau dans le vent. Il y a 8 jours nous avions un peu le même temps et j’étais écervelée et amorphe au fond de mon lit, aujourd’hui c’est juste un jour normal où tout va bien.

Les lignes ont filé à l’arrière du bateau du lever au coucher du soleil, mais ni le poulpe ni le poisson biseauté n’ont eu de succès. Peut-être demain ?

Cette nuit on bifurque enfin sérieusement vers l’ouest, on est « plus haut » que les Gambiers, mais c’était nécessaire pour échapper aux vilaines dépressions qui nous amèneraient vents forts et grosses bulles sans air. Il nous reste à souhaiter que le vent continue de nous envoyer ses 15-20 noeuds dans les fesses de manière régulière, un peu plus c’est ok aussi, et puis ce sera parfait.

Plein de becs à vous tous, prenez soin de vous, et à tout bientôt

         

TransPac, Jour 10

Eh bien depuis hier à la même heure (2h du mat), le bateau se fait balloter dans tous les sens, bien que le vent souffle sur des échelles tout à fait respectables (entre 18 et 25 kn).

Ça doit être la mer. Un océan pas ci fique que ça … une vraie machine à laver qui fait qu’on ne fait rien, hormis lire, regarder des films pour les mecs, et se préparer un repas vite fait, avalé tout aussi rapidement pour que chacun puisse retrouver sa position confortable : vautré !

C’est pas génial et ça va durer jusqu’à ce qu’on retrouve un vent plus arrière … c’est peut-être bien ça aussi le « couac » … notre allure dans le vent puisqu’on est travers sous grand voile (2 ris) et trinquette…

Enfin bref, je ne vais pas m’étendre ici, je vais retourner m’étendre là-bas dans le canap, parce que je n’ai pas envie de finir dans la tête dans le …

Bisous remuants

 

TransPac, Jour 11, 9 avril

Quels innombrables bonheurs aujourd’hui de recevoir tous vos messages, vos sourires, votre amour, votre amitié ! La petite cloche-note annonçant l’arrivée d’un nouveau courrier n’a cessé de retentir dans le carré.

Vos mots me touchent, vos nouvelles m’enchantent, je me régale de tous ces souhaits que vous formulez et m’adressez, merci merci merciiiiiiii ! Et promis, je partagerai tous les bisous avec mon équipage qui s’occupe bien de moi.

Hugo nous prépare un gâteau, Herve fait tourner le Volvo pour m’offrir une longue douche chaude (mon dieu que c’est bon !!!), les 

deux s’alternent aux fourneaux pour que je puisse profiter de ma journée, bonheur !

Grands moments de lecture dans le cockpit, rêveries au coucher du soleil, un cinéma en famille, c’est simple et c’est délici

eux. Même la mer a contribué à ma journée en se faisant plus souple et plus douce, merci les Anges qui m’avez entendue.

Maintenant que nous faisons cap à l’ouest, on est à l’ombre à partir de 14-15h, et c’est un régal en fin de journée de se poser dans un petit coin pour regarder le bateau avancer régulièrement à la rencontre de cet astre qui part se coucher dans des nuances toutes dorées.

La mer décide que la trêve est finie, on va manger d’une main en tenant notre assiette de l’autre, les bols ont tendance à s

e vider sans crier gare et les assiettes à sauter de la table sur le canapé.

On roule sous trinquette et GV à 2 ris entre 6 et 8 noeuds, on dort mal, mais on avance avec un vent entre 17 et 25 kn.

11 jours, pas loin de 1600 miles parcourus depuis notre départ, 160 hier, il nous en reste 2800 …

Je vais passer une nuit avec vous tous dans mes pensées et dans mon coeur, merci d’être là avec moi malgré la distance, mille baisers très fort et à demain,

 

TransPac (Jour 13) Dimanche 11 avril

Sun 11 apr 2021

Oh, je me suis un peu endormie derrière mon troisième tome de Millenium je crois … le jour 12 est passé à la trappe … mais hier et aujourd’hui se ressemblent fortement.

De moins en moins de lignes sur notre journal de bord, de moins en moins de vigilance de tout bords puisqu’on est vraiment tout seuls sur des hectares d’eau, de moins en moins de choses à raconter, notre routine ronronne.

Nous sommes depuis hier à nouveau dans un manège de fête foraine, dans une de ces capsules qui sont montées sur des bras télescopiques et qui tournent sur elles-mêmes dans un éternel mouvement gyroscopique … tout subit ce ballet impitoyable ; l’angle du canapé nous voit défiler les uns après les autres, rivalisant de subtilité pour subtiliser cet havre de paix au séant du précédent.

Le ciel est gris, plafond nuageux qui s’étire et se déchire par endroits, laissant paraître un fugace trait bleu. Myriades roule sur cette masse mouvante grise, ourlée du blanc des vagues déferlant de tous les côtés. Cet océan gris clair puis gris profond miroitant sous un rai de soleil, sans cesse montant à l’assaut de la coque puis fuyant derrière la poupe, bleu outremer quand le nuage daigne laisser sa place, cet océan absorbe toute notre énergie. Au loin les grains passent avec leur rideau de pluie. Comme s’il n’y avait pas assez d’eau par ici …

Myriades roule et avance, trace sa route inlassablement, nous rapprochant chaque jour un peu plus de cet éden turquoise qui nous fait rêver. Encore 17-18 jours, de quoi nous laisser le temps d’esquisser et d’imaginer à quoi pourront ressembler Les Gambiers.

En attendant, la houle frise les 3 bons mètres, le vent s’amuse entre 17 et 23 noeuds, et on avance entre 5 et 8 noeuds selon les vagues qui nous entrainent et les nuages qui passent en apportant leur vent.

Mes deux hommes sont de plus en plus poilus, Hervé s’embarbe d’une jolie lumière argentée qui va bien avec ses traits de plus en plus burinés par le grand air.

On mange aujourd’hui notre dernier avocat et nos dernières tomates cerises, chouette il reste encore des haricots verts et des courgettes, du chou rouge et des butternuts, des oignons et des tomates, et puis des pommes et des citrons.

Les lignes de pêche traînent à l’arrière du bateau sans succès, hier notre super poulpe s’est échappé, sans doute décore-t-il la lèvre d’un gros poisson … mais vu l’agitation de l’eau, ça ne me dérange pas que personne ne s’accroche à la ligne.

On pourrait de rabattre sur les petits calamars qui s’échouent sur le pont pendant la nuit, mais quand on les trouve le matin, ils sont déjà tout flapis et desséchés… Hervé en a vu voler jusqu’aux premières barres de flèches, 8 bons mètres au-dessus de la surface de l’eau.

On apprécie toujours autant vos messages et coucou d’ailleurs, on vous souhaite une belle journée et on vous embrasse,

Mel and Co

   

 

TransPac, Jour 14

Mon 12 apr 2021

Eh bien que se passe-t-il sous nos latitudes ?

Vous savez où on en est d’ailleurs dans l’égrenage des chiffres ?

  • Latitude S 19 45.38’
  • Longitude W 91 47.95’
  • Cap au 265
  • Vitesse vent réel 13 kn
  • Vitesse bateau 5.8 kn
  • Distance parcourue hier 144 miles
  • Distance à courir 2404 miles
  • Houle 2-3 mètres
  • Température air 24 degrés
  • Température eau 25 degrés
  • Plafond nuageux presque tout le temps présent, mais étoiles cette nuit.

Mais tous ça nous écarte de l’essentiel … une bonne et une mauvaise nouvelle. Rassurez-vous, tout le monde va bien.

Je commence par la mauvaise.

Nous avions décidé de faire cette traversée du Pacifique en flottille avec deux batopotes (Max et Fratelli, 2 personnes à bord sur chaque bateau) et de partir en même temps. Pour différentes raisons, Fratelli est parti deux semaines avant nous, et Max 5 jours avant nous.

Rapidement après son départ, Fratelli a eu un problème de water-maker le laissant avec 150 litres d’eau douce pour sa traversée, puis des problèmes de batteries, de mauvaise route choisie, et puis soudain c’est un problème plus conséquent qui s’est pointé: entrée d’eau salée… 25 litres par jour pendant 3-4 jours, puis 100 litres par jour pendant 2 jours.

Max s’est dérouté pour l’assister, au cas où.

La décision a été prise hier matin d’abandonner Frattelli, et Max a mené le transbordement des deux marins à son bord hier soir, manoeuvres parfaitement menées par nos deux super héros de Max (et validées par le CROSS). Fratelli devrait sombrer dans les jours à venir, et les équipages peuvent maintenant se remettre doucement de leurs fortes émotions.

De loin, ça fait bizarre. Ça laisse des étranges sentiments et des frissons dans le dos. De près, je ne sais pas comment se vit une situation pareille, on ne peut qu’imaginer … Merci les Anges d’avoir veillé sur eux … Hervé sous sa casquette de capitaine se sent très touché par cette histoire, interpelé par tant de facettes de la problématique, comment décider, quoi décider, quand décider, quelles conséquences, quels risques prendre et ne pas prendre, … On en parlera tous pendant longtemps, c’est sur.

Bon. On respire.

Et pour finir sur une note plus joyeuse, Hugo a capturé -avec les derniers rayons de soleil- l’un des graals de la pêche au large : un magnifique mahi mahi !!

Un splendide spécimen de daurade Coryphène de 8kg, un bon mètre de long, qui s’est battu pendant vingt minutes face à un Hugo qui ne voulait évidemment pas le laisser filer …

C’était incroyable de voir le poisson « tirer des bords » à l’arrière du bateau, hameçonné au bout de la ligne, cherchant bien sûr à s’échapper. Des grands Z de gauche et de droite, Hugo moulinant à fond dès que la pression se relâchait.

Au début on ne pouvait pas identifier le poisson, bien trop loin. Puis des éclairs fugaces annonçant la couleur, d’un beau jaune lumineux et turquoise étincellant sont apparus, et là notre excitation est encore montée d’un cran !! Serait-ce… ? Serait-ce une daurade ?? Ouiiiiiii ! Ce gros mâle déployait sa voile turquoise comme il le pouvait pour lutter et s’en aller. Sans succès pour lui. Mais avec tous nos remerciements d’avoir bien voulu se laisser capturer pour venir garnir nos assiettes.

Splendide bestiole dont la peau a rapidement tourné au jaune citron avec encore de jolis ronds turquoise, avant de virer au gris dans la minute qui a suivi. Dès que sa peau est au contact de l’air, elle change radicalement de couleur. Bien triste de le voir s’éteindre comme ça, au propre comme au figuré.

Les filets levés, sa grande carcasse est retournée à l’eau pour régaler tous ceux qui vivent là, sous notre coque, dans ce grand bleu.

En tout cas, ils étaient fiers, souriants et heureux ces deux hommes !! Et nous trois ravis des bons petits plats à venir …

On vous bise fort sur les deux joues, prenez soin de vous, la vie est pleine de -belles- surprises … on vous aime !

 

TransPac, Jour 15

Tue 13 apr 2021

Aujourd’hui, il ne se passe rien.

Le vent mollasson malmène les voiles,

Le bateau roule et roule et roule sur la houle houle houle,

Hugo nous cuisine un cookie géant, bonne excuse pour faire passer le temps,

Hervé peste contre son disque-dur qui vient de le lâcher,

Adieu séries, films et lectures,

On peste tous les trois contre Deezer qui s’est déconnecté de tous nos appareils (mais alors ça sert à quoi un mode « hors connexion » ?!?!?!?!???),

Adieu musiques douces, musiques enjouées et musique tout court,

Heureusement il reste les livres, les vrais, ceux qu’on peut toucher, qu’on peut sentir, qu’on peut se prendre sur le nez le soir en bouquinant sous la couette …

Le code D balade sa bulle rouge au gré du vent,

Quelques oiseaux de mer passent nous dire bonjour, on a repéré un fou,

Hugo nous torture avec ses odeurs de cuisine au chocolat,

On regarde les miles s’égrainer lentement,

J’ai savouré une douche à l’eau froide sur la jupe de Myriades avec quelques rayons de soleil,

Les jours à venir s’annoncent sans vent, ou à peine, ça risque de nous chatouiller les nerfs …

Patience, patience, et le vent l’emportera

L’eau siffle dans sa bouilloire, le cookie refroidit, il est temps de préparer un bon thé de Chine fumé pour nous régaler …

Des bisous

 

TransPac, Jour 16

Wed 14 apr 2021

Pas mal de grains ces jours, qui passent avec leur vent,

nous poussent et nous halent vers cet occident.

Sympas ces grains, nous apportent vent et peu de pluie,

Juste de quoi, pour quelques minutes, nous faire regagner notre abri.

On vit chaque jour, chaque heure, sans penser à demain,

Parce que l’arrivée elle est encore un peu loin.

L’eau file à l’arrière du bateau

Myriades avance résolument sur l’eau

Et nous savourons ce temps

En écoutant dans les voiles le vent

140 miles parcourus hier

120 nous rapprochant de la terre

Mille bisous à vous là bas,

Nous vous serrons dans nos bras.

 

TransPac, Jour 17

Thu 15 apr 2021

Journée calme à bord, le vent faiblit sérieusement et nous abandonne progressivement. Passablement de manoeuvres dans les voiles pour profiter de chaque brise, de chaque souffle, et tenter de nous faire avancer au mieux. Vraiment pas vite ..

Hervé s’est mis en tête de pêcher aujourd’hui, pour jouer avec nos amis sur Max qui trouve la poissonnerie fermée depuis leur départ, mais malheureusement les lignes n’ont intéressé personne aujourd’hui …

Dans un moment de lecture, et attentif à tout, le capitaine s’est brusquement levé de son siège pour vérifier d’où provenait un bruit non identifié, et s’est heurté contre le plafond, écrasant ses lunettes sur sa tête. Résultat des courses : une jolie balafre au milieu de ses cheveux (coupés courts sur quelques cm pour pouvoir soigner tout ça). Ca dégouline fort et rouge le cuir chevelu …

De son côté, Hugo peaufine la recette des cookies entre de grands chapitres de La Zone du Dehors, de Alain Damasio. On en est à la deuxième version, vivement la troisième demain qui nous amènera vers quelque chose de plus goûtu, de plus craquant et de plus gourmand. Ah b’en oui, on ne se refera pas … gourmands nous sommes et gourmands nous resterons !

D’ailleurs, à propos de gourmandise, je ne rêve que d’une chose : enfiler mes baskets, prendre mon panier sous le bras, et filer au marché … y trouver des salades toutes fraiches et bien croquantes, des légumes printaniers, me balader dans les allées sous les toiles bariolées entre le maraîcher, le fromager, le petit pêcheur et le boulanger, humer ces odeurs de terre, de légumes fraîchement cueillis, de four chaud duquel sortent les petites tartes au fromage et les bons pains croustillants, me plonger le nez avec délice dans les bouquets de fleurs et l’air du temps, entendre au loin le clocher de l’église, fouler le pavé de mes petits pieds dans le soleil matinal et retrouver par chance une amie avec qui aller boire un café.

Ah … les cafés sont fermés, le marché n’est pas encore installé, la lune est toute timide dans le ciel noir au-dessus de ma tête … c’était une illusion, un rêve, ou non, un beau voyage dans mes souvenirs … c’était bien, j’y retourne !  Cette fois, je vais faire un tour dans le jardin pour regarder les tomates pousser sur leur pied et désherber les framboisiers …

Profitez bien de la nature autour de vous, savourez chaque rencontre, prenez soin de vous, et levez votre fourchette pleine de salade à notre santé !

Bisous bisous

 

TransPac, Jour 18

Fri 16 apr 2021

Pour une fois, on est absolument ravis que les Gribs aient menti …

Pétole était annoncée pour la journée, et c’est Jolie Brise qui nous a promenés sous spi pendant de nombreuses heures, nous soufflant aux fesses entre 10 et 15 noeuds pour nous permettre quelques surfs à 8 noeuds ! Un régal !!

Ciel bleu au-dessus de nos têtes, horizon ourlé de petits nuages dans l’azur tels des petits paquets cotonneux collés sur un dessin enfantin, ou un tableau naïf.

L’eau et l’air sont à l’unisson : 26 degrés, plus au soleil, plus frais à l’ombre et au vent.

Les chiffres défilent trop lentement, mais ca y est, nous sommes enfin à moins de 2000 miles de l’arrivée ! Quand on sait que chez Max, eux sont à 500 miles de la plage et des langoustes, ça fait envie … Mine de rien, on a déjà parcouru plus de 2700 miles. On a sacrément rallongé la route en évitant toutes ces dépressions.

En parlant de Max, il semble que tout aille bien à bord, les malheureux marins de Fratteli retrouvent des forces, mais ils sont très frustrés que la poissonnerie reste fermée … Chez nous les lignes ont sifflé fort au soleil couchant, les deux en même temps, ce qui nous a laissé deviner qu’un petit banc de thons nageait dans les parages. Ni une ni deux, voilà mes deux hommes sur le pont à mouliner à tour de bras, et puis chacun son tour a senti la tension se relâcher soudainement, les petits thons se libérant dans un dernier effort pour sauver leur peau.

Le vent a faibli en fin de journée, pour finalement laisser sa place au moteur pour la nuit. Chouette, on aura du pain frais demain matin !

Les livres se dévorent les uns après les autres,

Les heures passent les unes après les autres,

Les étoiles s’allument et s’éteignent les unes après les autres,

La lune … ah non. Elle croît, entre autres.

Mille becs à vous du fond de notre nuit pacifique, et belle journée dans votre printemps frisquet.

 

TransPac, Jour 19

Sat 17 apr 2021

Rholalalala, 19 jours avec que du bleu (et du gris) autour, dessus, dessous, devant, derrière, à gauche, à droite …

Ca me rappelle une chanson d’enfance, je cite :

« Les marins sont en mer dès l’aurore,

En mer dès le matin,

En mer dans la journée,

Ils ont la mer devant,

Ils ont la mer derrière,

Ils ont la mer de tous les côtés,

Tsoin tsoin »

Là où elle nous faisait rire, c’est quand nous faisions trainer les liaisons entre « la mer » et les quelques lettres qui suivent …

souvenirs souvenirs

Le moteur a tourné quelques petites heures durant la nuit, histoire de nous hâler un peu plus vers l’ouest et de recharger les batteries, et les gars ont renvoyé les voiles sur le coup des 5 heures, dans les odeurs du pain frais.

Ce qui fait que la journée a commencé tout doucement, sous voiles, dans le grand bleu ; on a été obligé de mettre le taud (notre grande toile anti-soleil) pour pouvoir se tenir dehors et profiter de l’extérieur.

On a rapidement envoyé le Code D, puis toute la journée a été un jeu avec le vent : trouver la meilleure parure pour Myriades pour l’adapter à cet élément capricieux et très frivole qu’a été le souffle d’Eole …

Toutes petites vitesses au long de ces heures, les risées entre 3 et 7 noeuds, et nous entre 2 et 6 noeuds. Parfois nous avancions à la même vitesse que le vent, selon notre allure.

Une vraie journée lacustre, à la seule différence de la houle présente : pas loin de 3-4 mètres, avec une onde très longue, des collines d’eau nous passaient à côté, des véritables talus en pente douce, dignes de ceux que nous fréquentions en hiver avec nos luges.

Après-midi marqué par le retour d’un plafond nuageux qui nous laissait espérer quelques grains, mais ils ont tous décidé de nous ignorer et donc le vent nous a laissé tomber.

Re-moteur à la nuit, eau calme, cette nuit n’est pas celle du pain fait maison, mais d’une nouvelle aventure culinaire : le yaourt « fait bateau » sans yaourtière … je vous raconterai.

Et pour vous donner envie, regardez donc à quoi ressemblent mes petits pains au petit-déjeuner, lorsqu’ils sautent de la poêle à l’assiette … avec un bon beurre salé et une confiture « faite bateau » elle aussi, il y a de quoi se régaler !!! Hervé a fait la confiture de mûres sauvages, et moi la marmelade de coings.

Décidément, je parle de bouffe tous les jours …

On vous embrasse depuis notre immensité.

 

TransPac, Jour 20

Sun 18 apr 2021

Cette dernière journée ressemble fort à la précédente …

Même soleil, même jolie brise, même douceur de vivre.

A la seule différence que nous avons fait appel au moteur plus tôt, alors que le soleil n’était pas encore couché.

On a reculé nos montres d’une heure aujourd’hui, nous avons désormais 8 heures de décalage avec vous qui vivez du côté de “chez nous” … Je réalise que vous prenez votre petit-déjeuner alors que je viens de prendre mon quart, les yeux encore ensommeillés et l’esprit embrumé. Mince, les nouvelles du jour ne sont pas publiées à temps pour accompagner votre café…

Pas de touches aujourd’hui, mais par contre nous avons pu observer les ballets aériens des poissons volants. Ils étaient tout petits ces poissons-là, effrayés par l’arrivée de Myriades et par d’autres prédateurs, tentant de s’échapper en quittant l’eau, préférant la portance de l’air pour tromper l’ennemi. Ils se hissent d’un coup de queue hors de l’eau, se mettent “debout” sur leur nageoire caudale à deux pointes, frappent l’eau de leur deux simili-pattes, les nageoires latérales tendues à l’horizontale, et dès qu’ils ont suffisamment d’élan, ils planent. Parfois seulement 2-3 mètres, parfois 50 mètres. Parfois aussi, des ricochets impétueux leur font regagner l’élément liquide de manière un peu brutale. Trop joli à regarder, distraction sympa de fin de journée.

Hervé a encore usé d’un de ses nombreux talents pour réparer la drisse du spi.  L’âme de la drisse ressortait de sa gaine, menaçant potentiellement de rompre. Ligature opérée en bonne et due forme sur 10 cm pour remettre tout ça en ordre. Oh la mauvaise blague que ça aurait été de voir notre belle bulle rouge tomber à l’eau soudainement, s’enfiler sous le bateau, se gonfler d’eau …

Sinon, rien, sinon quoi … ?

Malgré une météo annonçant Pétole ces deux derniers jours, nous avons été portés par un petit souffle entre pas grand chose et 8 noeuds, nous permettant de filer sur une mer plate entre 2 et 5 noeuds et des poussières. Mer plate : pas de vagues de vent, mais belle grosse houle très lente, qui modifie le paysage en permanence. Comme si la mer était ronde et replète, et que nous nous baladions de buttes en buttes.

Donc une météo assez agréable qui nous a vu parcourir 115 miles hier, et 120 miles aujourd’hui, grâce aussi à l’appui de nos 75 chevaux nocturnes.

Distance restante pour arriver à destination : 1715 miles. Il est temps que le vent se lève pour qu’on améliore notre score journalier … si on reste à une vitesse moyenne de 5 noeuds, il nous faut encore 15 jours. Si on monte à 6 noeuds, on passe à 12  jours. Si on descend à 3 noeuds, là on aurait encore 24 jours de mer … Vous comprenez que parfois notre moral suive les courbes de la houle, en fonction de la puissance du vent.

On espère furieusement et on attend impatiemment que la bulle bleue sur nos fichiers gribs se transforme en une belle bulle verte tirant sur le jaune, avec de jolies petites flèches pointant inlassablement vers l’ouest, et que la mer reste aussi douce qu’elle l’est ces jours.

La tête du capitaine est réparée, le moral des troupes est au soleil, la forme physique mollissante, le recours aux livres intense, l’équipage va bien et vous embrasse !

Très belle journée à vous toutes et tous, et profitez bien des tulipes et régalez vos yeux des splendides paysages autour de vous.

Bisous bisous

 

TransPac, Jour 21

Mon 19 apr 2021

Les nerfs sont mis à rude épreuve pour l’équipage ces jours, on supporte mal cette météo toute pourrie qui nous envoie des vents faiblards (et encore faiblards, le mot est fort). Enfin, on était ravis quand Dame Météo annonçait Pétole, et que Jolie Brise débarquait, mais dans l’autre sens on aime moins. Vraiment moins.

Quand Myriades avance péniblement à 2-3 noeuds et que le spi se froisse et se défroisse dans un claquement bien sonore, quand on a l’impression qu’il est en train de se déchirer dans la reprise d’air, quand inlassablement il se gonfle puis se redégonfle au rythme de la houle qui nous impose ses mouvements de bascule, ça met les nerfs en pelote au bout d’un moment. Alors on fait le dos rond, on regarde une série, on fait la sieste, on fait à manger, et puis on attend que ça passe. Mais ça passe pas, alors on refait le dos rond, chacun à son tour, et puis finalement ça y’est, il est l’heure d’aller se coucher.

Ce matin, on a observé les poissons chasser, petits thons nous supposons. Ils bondissent hors de l’eau à la poursuite d’un plus petit qu’eux, et font des pirouettes incroyables. Ça jaillit de tous les côtés, pendant une bonne heure. Et puis le temps du petit-dèj étant sonné, le calme journalier s’est installé.

Pas d’oiseaux, pas de baleines, pas de dauphins, pas de touche non plus, l’océan n’est pas vide mais ne nous montre rien. D’ailleurs pas de bateaux de pêche chinois ou japonais par ici, comme nous en avions vu beaucoup en Atlantique. Il est trop grand ce Pacifique.

La journée est passée dans la molle, et la nuit se poursuit de manière beaucoup plus agréable. A l’heure où je vous écris, il est 2h du mat, le vent a enfin repris du souffle, le code D bulle bien sous les étoiles, la lune se reflète à l’infini sur le dos des vagues, les étoiles illuminent le ciel, et Myriades file à 5 bons noeuds sur une mer calme. Ça fait du bien. Vraiment du bien.

Ah, grand plaisir aujourd’hui : une douche en extérieur ! Eau de mer à 26 degrés, c’est parfait pour rafraichir la journée !

Et petite gourmandise en passant, nous avons mangé un bon filet de la superbe daurade de Hugo à la mode tahitienne à midi, c’était délicieux ! Histoire de nous rapprocher de nos ilots et atolls à venir … 1609 miles à courir au compteur, 117 miles parcourus dans les dernières 24h, grâce encore à la risée Volvo qui nous a soutenu pendant la nuit.

Hugo et Hervé dorment à poings fermés, bercés par le bruit de l’eau qui s’écoule le long de la coque, par le chuchotement du vent dans la voile sous les étoiles, et ils se joignent à moi pour vous envoyer mille bisous pour votre belle journée.

Extrait d’échanges avec quelques un.e.s, qui reflètent aussi un peu notre quotidien :

« BONNES INTENTIONS»

En fin de journée, je me disais que quand-même, le temps par ici est assez long, et je n’en fais rien. Hormis lire, manger, dormir. Et chouette, aujourd’hui douche et lessive, en plus de réparer la tête de mon chéri qui s’est ouvert le cuir chevelu avec ses lunettes en se levant trop fort … trop fort … Donc oui, je ne « fais » rien de ce temps -je ne dessine pas et je ne fais même pas des petits exercices physiques quotidiens- et je me disais que finalement ce serait dommage de ne pas l’utiliser mieux et en retirer quelque chose, comme si je faisais une espèce de retraite pour « faire le point » ou en tout cas laisser libre cours à mon esprit, mais de manière structurée. Car je suis très forte en vagabondages intérieurs et rêveries multiples, mais moins pour aller au bout des questions et des réflexions.

Donc je me suis dis, allez hop, on fait un peu comme le Inktober qui consister à dessiner chaque jour selon un thème défini, mais là le thème ouvre sur une page blanche à remplir de mots. Une page au minimum (cahier ou format à choix) histoire vraiment de laisser libre cours à tout ce qui peut survenir en lien avec le mot choisi.

Chaque jour un mot,

Ma liste ressemblerait à ça :

Liberté- Couple – Musique – Amour – Rêves et rêveries – Lumière – Amitié – Dialogues intérieurs – Extérieurs – Énergie – Envies – Société – Gourmandises – Travail – Engagement – Besoins – Relations – Enfants – Vie – Demain – Choix

Mon carnet est plus grand qu’un A5 et plus petit qu’un A4. Je commence demain 😉

-j’ai commencé le lendemain, et puis le jour d’après, et le soufflé est retombé, je n’ai plus écrit …-

« NERFS et HORIZONS INTERIEURS »

De notre côté, les nerfs sont mis à rude épreuve pour Hervé ces jours, il supporte mal cette météo toute pourrie qui nous envoie des vents faiblards. Bien sûr c’est relatif par rapport à d’autres turbulences, mais c’est notre quotidien à nous … Quand Myriades avance péniblement à 2-3 noeuds et que le spi se froisse et se défroisse au rythme de la houle qui nous impose ses mouvements de bascule, ça met les nerfs en pelote au bout d’un moment.

Quand à ça tu rajoutes le fait que Hugo n’a de cesse de recalculer le nombre d’heures restantes en fonction de la vitesse du bateau, haha, car oui, lui est plutôt pressé d’arriver pour pouvoir profiter de ces iles avant de repartir (il est arrivé le 30 janvier quand-même, bientôt 3 mois qu’il est là, et le ratio de base c’était 1 mois de nav pour 2-3 mois en Polynésie .. le ratio va être sérieusement inversé !), donc Hugo calcule et recalcule, mais avec le sourire et dans la bonne humeur, il prend tout ça avec philosophie et bonhomie, mais ça en rajoute une couche sur l’énervement de la journée pour le capitaine.

Et puis la cuisine gourmande avec des produits frais commence à manquer,

Et puis le détour de plus de 1000 miles pour éviter les dépressions qui rajoute des jours de navigation,

Tout ça fait que mon chéri n’a pas le moral ces jours, et qu’il est plutôt bougon.

Tu me demandais comment se passe cette traversée pour nous, je peux répondre pour nous trois : c’est long, c’est putain long. Hugo et Hervé s’occupent pas mal la tête avec des séries, des films, et des bouquins (surtout Hugo), Hugo fait pas mal à manger aussi pour s’occuper, et mange souvent par ennui (ce qui le fait râler, car tout le monde lui a dit « tu verras, le Pacifique tu y laisses forcément quelques kilos »). On évite de réfléchir au temps qu’il nous reste à courir (même si chacun fait ses calculs dans son coin), en tout cas on évite d’en parler. Là, je viens de faire le point, si on marche à 6 kn de moyenne sur 24h, il nous reste 11 jours. Mais vu la météo annoncée, … si on marche à 2 kn comme cet après-midi, ça ramène l’arrivée à dans 33 jours … alors que ça fait 3 semaines qu’on est en mer !

Pour moi, ces jours qui passent c’est un peu comme le naufrage de Fratelli : à distance. Comme si j’étais dans le déni. Seul moyen pour vivre bien. Mon horizon de temps, mon échelle intérieure, se limite presque à la journée. Je ne pense pas à après, je ne pense pas à demain (enfin si, le soir à table je me demande ce que je vais faire de mon quart de nuit), je ne pense plus. Je vis simplement ce qui est là, comme ça vient. C’est très bizarre comme sensation, mais finalement le temps passe plutôt agréablement. Si je commence à mettre de la perspective, à chercher à mettre du sens, à penser à tout ce que je pourrais faire autrement, à me demander à quoi ça sert, si je me remets dans mon mode de pensée « terrestre », alors je pèterais les plombs je crois. Donc je ne sais pas par quel procédé j’ai réussi à dompter mon cerveau et à le mettre sur off. Il aura fallu du temps par contre. Et je suis consciente que c’est un état transitoire, parce qu’en fait si je vais regarder de plus près, ça m’affecte beaucoup de me mettre dans ce mode « off ». Ca m’attriste, j’ai l’impression qu’on me dépossède de ma vie, de ma vitalité, de ma liberté, ça ne serait pas viable sur le long terme.

Donc les journées sont plutôt monotones et routinières, l’horizon ne change pas du jour au lendemain ni d’une heure à l’autre, parfois la houle est presque absente, parfois les vagues montent à 4+ mètres, il n’y a pas l’effet « wouahou » de la Patagonie, il n’y a rien à voir, rien à observer, l’échelle des distances est absente. La seule chose qui a changé par rapport au début de la traversée : ma peur au moment d’aller me coucher, me dire « putain on est tellement loin de tout, s’il nous arrive qqch comment on s’en sort??? ». Je n’y pense même plus. Enfin, parfois j’y pense, mais détachée, la peur n’est plus là, je tiens un peu tout à distance de moi. Je me tiens à distance de moi 🙂

Mais ça me va pour le moment, je n’ai de toute façon pas d’autre choix que celui de vivre tout ça de manière positive et agréable, ce que je fais, et ce qui est. Donc ça roule à bord, au propre comme au figuré.

« LACHER PRISE »

Cet océan Pacifique est bien trop grand pour un si petit bateau avec un si petit frigo 🙂 C’est génial et c’est ennuyant, ça dépend des heures, c’est comme la vie. Mais c’est un sacré apprentissage sur le lâcher-prise, l’acceptation de l’instant présent tel qu’il est, la capacité à arrêter de penser et de vouloir vouloir vouloir tout ce qu’on n’a pas (un peu plus de vent, un peu moins de mer, être déjà arrivés, des fruits frais, ..), ne pas imaginer 15 jours mais vivre un jour après l’autre.

 

TransPac, Jour 22

Tue 20 apr 2021

Bonjour bonjour chez vous !

Comment vous allez ? Quoi de neuf sous vos latitudes ? Comment la vie vous sourit-elle et quels lots de surprises vous apporte-t-elle dans sa créativité débordante ?

Ici rien de neuf sous le soleil, le vent réussit à retendre et regonfler les voiles, il est plus soutenu de nuit qu’en journée, mais reste quand-même très léger.

Il faut pourtant qu’on améliore notre moyenne journalière pour essayer d’échapper à ce joli système remuant (oui là, sur la photo) qui se met en place pour la semaine prochaine … et tenter de passer avant la dépression … vous l’aurez compris, la météo est un casse-tête tout au long de cette traversée pas si … pacifique …

Heureusement, il y a Jean, ami des Max, qui depuis la Suisse nous envoie tous ses conseils, analyses et recommandations pour compléter les analyses de notre Capitaine, et ça nous aide bien. Je partage avec vous l’un de ses bulletins météo, avec sa permission. Merci Jean !

« Je vois qu’il faut faire effort d’écriture,

Et porter le niveau de lecture.

Se mettant dès lors en chemin,

Je tente ici ce destin.

Routage :

Poussés par un tulle,

Souffle transparent,

Sors-nous de la bulle,

Et retrouve ton vent.

Des hauts et des bas,

Tu te moqueras ;

A la même latitude,

Fais-en l’habitude.

Dans ton dos sera l’Est ;

Cours sur cette onde

Que t’offre le monde,

Et fais route à l’Ouest. « 

A l’ouest donc nous filons, en nous souhaitant des vents établis à 15+ noeuds sur toute la semaine … on peut toujours demander, c’est permis. Et on composera avec ce qui viendra.

Bisous à vous.

 

TransPac, Jour 23

Wed 21 apr 2021

Bande son de notre voyage.

Craquement du bois du placard à ma gauche

Tintement de la lampe frontale le long de la main courante

Chuintement de l’eau le long de la coque

Craquement du vaigrage au dessus de ma tête

Feulement de l’hydrogénérateur, la turbine change de registre avec la vitesse du bateau

Le puit de dérive qui rote qui rote qui rote, comme un pouls régulier

Le ressac des vagues qui nous rattrapent et flirtent avec la jupe arrière

Doux ronron du congélateur 

La vague file à la poupe emportant ses bulles et ses remous

Volume sonore passant de 4 à 8 selon le souffle du vent

L’évier refoule sur les vagues

Les écoutes frappent le pont

Les verres s’entrechoquent dans leur placard

Le vent change d’angle

La première marche de l’escalier craque

La bouteille de rhum tangue et se balance, frappant la porte de son poc régulier

L’accélération de Myriades sur la vague

Le fuissement de la coque plongeant dans l’eau

La mélodie entêtante de la mer

Le nuage qui passe et cache la lune

Le pétillement des étoiles dans le ciel

140 miles au compteur des 24 heures,

Max arrivé ce matin à 8h à Rikitea après 4087 miles parcourus en 28 jours,

Dernière courgette mangée,

Ça craque, ça roule, ça avance,

Et ça vous fait plein de bisous doux

 

TransPac, Jour 24

Thu 22 apr 2021

Une certaine idée de permanence intemporelle,

De répétition avec chaque jour une infime variation,

Un sentiment de déjà-vu, de déjà-vécu ;

Même paysage mêmes collines mêmes pastels,

L’inflexion de la houle dans une autre direction,

Les changements de vent immédiatement perçus.

Rien de neuf sous notre soleil bordé de grains au loin,

les lignes sifflent par deux fois mais ne nous ramènent pas de nouvelle proie,

ca fleure bon le pain chaud dans le bateau et les équipiers tout frais rasés,

la mer nous roule de tous les côtés et le vent nous pousse nous hâle et nous régale.

155 miles parcourus, dont 147 nous rapprochant directement de notre Graal.

 

TransPac, Jour 25

Fri 23 Apr, 2021

25, 25, 25 jours, ca se rapproche du mois là … ca commence à sentir l’écurie … d’autant que dans 59 miles, on commencera à mesurer la distance restante avec un nombre à trois chiffres, et non plus quatre … on progresse bien !!!

Ça fait trois jours et trois nuits que la direction du vent est plutôt stable (sauf quand les nuages passent) et qu’il souffle de manière à nous faire rouler entre 4+ et 7+ noeuds, entre grand-largue et bon arrière selon l’orientation des vagues. Car oui, nous faisons toujours et encore partie de la même espèce : homo culbuto. On travaille la souplesse du bassin en permanence, roulant de gauche, de droite, affinant nos réflexes préhensiles quand la salière prend son envol.

Aujourd’hui nous n’avons pas eu à toucher les voiles, seulement travailler le cap par petites touches, mais pas de manoeuvres sur le pont. Ah si ! Une !!!!

Enrouler le génois rapidement pour ralentir le bateau, et le ressortir 20 minutes plus tard.

Pourquoi ? Tadaaaa … !!!

Car la ligne s’est mise à siffler à fond les ballons juste après le dèj … Hugo a bondi du carré, enfilé son gilet de sauvetage, et filé sur la plage arrière bien attaché, où Hervé lui a passé la canne en disant « fais gaffe, c’est du lourd, tiens bien ! »

Les mains et les bras de Hugo ont mouliné dur et longtemps, le frein de la canne chauffait tellement le poisson se débattait,

vas-y que je te tire à moi,

prends ça que je reprenne le large,

non non c’est toi qui viens là,

ah non tu ne m’auras pas …

finalement, comme souvent, c’est le plus gros qui a eu le dernier mot. Hugo.

20 bonnes minutes pour 15.8 kilos de thon skipjack.

Ca faisait trop pour nous trois, on a encore de la Coryphène au congelo, alors les gars l’ont relâché. La queue un petit peu abîmée, car allez savoir comment, cet animal est arrivé à reculons, au propre comme au figuré… par la queue il était hâlé, s’étant emberlificoté dans la ligne …

Sinon, rien de neuf sous nos latitudes hormis qu’on est toujours plus à l’ouest, ce qui fait qu’on a décidé de changer de fuseau horaire : on passe à GMT +7.

Donc vous êtes en avance de 9h sur nous. Petits chanceux qui pourrez arriver chez le maraîcher pour y acheter quelques fraises avant nous …

Le bateau file à 7.89 noeuds, la dérive chante, on flirte avec les 8 noeuds, et puis hop, le vent mollit et on redescend à 6, en attendant la prochaine vague ou la prochaine risée.

Le temps passe et les miles défilent le temps de vous écrire ce petit mot, c’est maintenant dans 55 miles que nous passerons en dessous des 1000 miles !

Des bisous doux, bleus, étoilés, remuants et pacifiques.

 

TransPac, Jour 26

Sat 24 Apr, 2021

Rien aujourd’hui, que dalle !!!

On n’a pas pêché,

On n’a pas manœuvré, ah si, on a empanné une fois pour remonter NW, …

Et puis … on est sous la barre des 1000 !!

163 miles parcourus ces dernières 24 heures, dont 153 à destination de Mangareva.

Nous en restent : 954,3 … héhé, oui maintenant on a une virgule ! Haha

On arrive gentiment sur la zone où notre bateau-copain a été abandonné, ce qui nous a amené à creuser la question du danger potentiel pour nous, ne sachant pas s’il a coulé ou pas. Vraisemblablement il est encore à flots, à la dérive, sans balise AIS ni lumière. De même que son annexe. Mmmmhhhhh … pas cool. Vraisemblablement le CROSS n’aurait pas demandé à ce que le bateau soit sabordé; surprenant. Mais nous en saurons certainement plus à l’arrivée quand nous retrouverons les copains.

Ce que l’on sait, par contre, c’est que les courants et les vents le font dériver au sud-ouest de son point d’abandon, et que notre route est maintenant largement au nord de ce point. Donc nous ne risquons rien. Rassurant pour vous, et pour nous.

Sinon, quoi ? Hugo a quasi fini son jeu de 3DS, Pokemon pour qui veut savoir, avec l’aide de Nathan à distance quand il ne savait plus résoudre une énigme, il a fini les Milleniums, La Suite Chinoise de Peter May, se re-dévore avec délice les Damasio, va attaquer quelques enquêtes de Hennig Mankell, tout ça du fond de son canapé vautré comme un post-adolescent qui se respecte.

Hervé passe de son livre à l’un de ses écrans, l’un pour les séries, l’autre pour les échanges avec JeanLeRouteur et la météo (dont les prévis s’améliorent).

Moi je bulle la tête dans le bleu, mes loisirs passent d’un livre papier et la liseuse, d’un « nord à la tête » (sudoku) à une réussite, d’une casserole à un coussin pour faire la sieste. Et chose rare : je me suis fais un film pendant mon quart cette nuit.

Pas de pain frais ces jours puisque Eole nous fait le plaisir de nous prêter son souffle pour avancer, donc pas d’électricité pour le four à pain. Et pas envie de réchauffer l’atmosphère du bateau en faisant du pain à la poêle, même si c’est super mega top bon …

Pas de douche chaude non plus, mais si Pétole s’annonce pour les jours à venir, on pourra plonger dans la grande bleue dont la température avoisine les 27 degrés. Vous voyez à quoi ressemble notre jolie piscine ?

On vous embrasse et on vous souhaite un joyeux dimanche !

 

TransPac, Jour 27

Sun 25 Apr, 2021

Alors, ce week-end chez vous ? Balades ? Jardinage ? Far niente ? Brunch avec les enfants ? Joli tour en vélo ? Lecture à domicile ? Depuis notre petite coque de noix, on ne sait plus trop ce qui est permis chez vous, de quelle liberté vous pouvez profiter … selon vos régions et vos pays …

Chez nous les directives sont constantes depuis un bon petit moment : garder le cap à l’ouest, profiter du vent d’est, laisser l’eau hors du bateau et les équipiers dans le bateau. On s’y tient, pas le choix. Vivement que le gouvernement revoie sa position d’ici la fin de la semaine … pour qu’on puisse enfin mettre les équipiers hors du bateau …

Mais une fois de plus ça dépendra du ministère de la météo : attendre un peu pour laisser passer le gros temps annoncé sur Rikitea dimanche, ou foncer à tout prix et arriver avec gros vent et grosse mer …

On a bien avancé ces derniers jours, 153 miles hier, on zigzague pas mal puisqu’on est vraiment dans l’axe du vent. Mais il est annoncé faiblissant ces prochains jours, on ne pourra plus bomber comme on le fait maintenant, à 7.8 noeuds

Ce matin, empannage avec mon chéri au soleil levant dans une lumière toute dorée, le soleil dardait ses rayons au travers des nuages denses et ronds comme des boules de coton blanc. C’était mon premier lever de soleil de la traversée !! Bien beau !!! B’en oui, comme je me couche entre 3 et 4h du mat, il y a peu de chance que le soleil me trouve sur le pont quand il pointe ses rayons à l’horizon …

Puis au réveil d’Hugo, qui avait à peine eu le temps d’enfiler son short et de mettre un pied hors de sa cabine, la ligne d’une des cannes est partie à une vitesse folle, débobinant son fil à toute allure, et lorsque Hervé a voulu serrer le frein pour mieux ferrer le poisson, le frein a carrément cramé, parti en fumée. Pour de vrai hein, une vraie fumée s’est échappée du moulinet, et puis là, évidemment, le poisson a réussi sa sortie, il a pété la ligne, emportant notre magnifique poulpe multicolore … grosse déception ! Ça devait être un fameux morceau … trop gros pour notre frigo.

En milieu de journée, Hervé est allé trafiquer un peu le moteur, vérifier les niveaux, les filtres, il a passé un bon petit moment à genoux, lampe frontale en place et mains dans le cambouis, sous les escaliers de la descente, à vérifier la santé de nos 75 chevaux. Fort content de son travail, il remet l’escalier en place, et là … un drôle de bruit se fait entendre … comme une pompe qui se mettrait en marche, ou un petit moteur, le truc c’est que c’était un bruit qu’on n’avait encore jamais entendu à bord … hum. Sentiment pas cool. Du tout. On a guetté, cherché, tendu la feuille et travaillé l’ouïe, avançant la tête de ci de là pour identifier la source de ce bruit, inquiets et surpris. C’est finalement dans un carton dans un coffre sous mon lit (cabine arrière bâbord, donc cabine outillage) qu’on a trouvé l’origine de ce bruit vibrant : la scie électrique (multi-tool) présumée morte s’était remise en route ; toute seule, sans crier gare.

Pourquoi ? La dernière fois qu’on a voulu l’utiliser, il y a un mois ou deux, elle ne fonctionnait plus, n’ayant vraisemblablement pas survécu à l’hiver froid et humide chilien. Impossible de la faire démarrer. Et puis là, après 3 semaines dans un climat plus chaud et plus sec, ses circuits ont décidé de se remettre en route. Et elle était restée sur « on » bien rangée dans son carton …

On est bien contents qu’elle soit revenue à la vie car c’est un bel outil, mais elle nous a foutu une sacré frayeur !

Après nos siestes, lectures, jeux et errances devant le placard à gourmandises de plus en plus vide, le soleil a entamé devant nous sa descente pour aller éclairer d’autres cieux, pendant que se levait derrière nous, majestueuse et pleine, lumineuse et sereine : Dame Lune.

Depuis, dans notre nuit, elle nous accompagne éclairant la mer et les voiles comme un spot puissant, éteignant toutes les étoiles …

     

 

TransPac, Jour 28

Mon 26 Apr, 2021

B’en voilà, à force de dire qu’on est bientôt arrivé et que ca sent l’écurie, eh bien on a été obligés de sortir les chevaux en fin de journée… les 75 d’un coup, et à cette heure tardive de la nuit ils galopent encore, pleins d’énergie et d’endurance, traînant derrière eux nos quelques tonnes un peu plus vers l’ouest.

La houle ne nous a pas quitté pour autant, pourtant là, elle, on la lâcherait bien aussi …

Si vous regardez Windy, ou PredictWind, vous verrez qu’on est complètement dans le bleu. Le bleu de la mer et le bleu du vent. Un énorme trou de vent. Pour le bleu du ciel je ne peux dire, mais je crois que tout à l’heure il sera là aussi.

Donc météo à venir pour ces prochains jours : Pétole ! On espère toujours un souffle d’air suffisamment pour porter haut la bulle rouge, pour soulager les chevaux et les oreilles de temps en temps, mais ma foi, une fois de plus, on s’adapte, on ne choisit pas.

Bénéfice (presque futile mais tellement agréable) direct de cette absence de vent : le bateau sent bon le pain frais, les draps lavés et les équipiers débarbouillés à l’eau chaude … bah oui, on savoure le moindre plaisir. Et peut-être bien, quand le soleil sera de retour, un grand plouf dans ce Pacifique qui flirte avec les 28 degrés ! Vraiment envie d’y piquer une tête et faire quelques brasses ! sans lâcher le cordage de sécurité à l’arrière du bateau … pas assez en confiance dans cette immensité pour me détacher de notre jolie coque. C’est vertigineux tout ce bleu sous soi quand on est là, on pourrait tomber dedans, se faire happer par ces profondeurs … et puis on ne sait pas trop non plus ce qui s’y cache, qui rôde, qui chasse, qui vit là dessous, et moi pas être assez téméraire ni aventurière pour oser lâcher ce cordon ombilical !

Sinon, RAS, TVB, 141 miles hier dont 82% nous rapprochant de Rikitea. Hugo s’amuse avec les chiffres et nous trouve de nouvelles statistiques pour agrémenter la lecture des infos quotidiennes.

Bon, des bisous bleu pour vous dans belle journée, et à bientôt pour un prochain café !

Et on ne résiste pas à partager cette belle lune avec vous, pleine à 100% quand elle a émergé là-bas à l’est, derrière nous, pendant que l’ouest s’illuminait sous les feux orangés incandescents du soleil couchant.

Salut !

 

TransPac, Jour 29

Tue 27 Apr, 2021

Un petit peu de vent pour avancer à petite vitesse sous Code D.

Pas mal d’heures au moteur, de jour comme de nuit.

La promesse d’une baignade demain, mais ce matin c’était douche sur la plage arrière… quel pied !! C’est teeeeeeellement bon une douche à l’extérieur, que la nature environnante soit végétale ou marine, c’est un régal pour tous les sens, une paix incroyable, un délice avec l’air frais qui court sur la peau mouillée en même tempe que le soleil la réchauffe…

Sinon, pour les gourmands et pour vous donner une idée de nos menus, à midi la salade était composée pour trois de 1 carotte de taille moyenne, 3 tranches de chou rouge finement émincées, 1/2 pomme, 1/2 oignon rouge, cacahuètes et amandes concassées, le tout bien assaisonné. Avec une tarte au fromage qui nous a valu de dépasser les 30 degrés dans le bateau. Reste dans le frigo : 2 carottes et 1/4 de chou rouge, et puis 3 pommes … et des patates et des oignons. Vivement qu’on arrive pour toucher 2-3 légumes frais et quelques fruits locaux. Et puis des yaourts, car les miens n’ont pas pris … le bateau remue trop pour que les ferments puissent faire leur boulot ! Donc j’ai transformé nos yaourts liquides en panna cotta de chia à la vanille, c’était très bon.

Mais on ne va pas mourir de faim, rassurez-vous, il reste de quoi faire même si on parle plus de se nourrir que de se faire une bonne bouffe…

Bon, j’arrête là, pour laisser l’honneur à la plume de Hugo, qui a toute sa place et à bord et dans ce blog. Je le cite, avec sa permission.

« 26 avril. Magnifique lever de lune rouge ce soir, et en regardant le soleil se coucher, j’ai eu la chance de voir le rayon vert ! Je suis gâté !!

27 avril. Ce matin je regarde le lever du soleil pour la première fois … bah oui. Comme je me couche à 6h, je ne me lève pas à 6h30 ou 7h pour le voir en général. Il y avait d’abord une lueur orangée dans un ciel bleu-jaune pastel, puis les rayons ont commencé à éclairer de rose le sommet des nuages pommelés sur l’horizon, puis ceux au-dessus de nos têtes. Finalement la boule de feu est apparue, transperçant le ciel d’une lumière éclatante. De l’autre coté, la lune se couchait dans un ciel bleu-rouge-violet sombre, contrastant d’autant plus avec sa blancheur immaculée et rayonnante. »

Sur les photos : lune du 26 de jour, et nuages du 26 par pleine lune en pleine nuit.

Promis, demain on arrête de parler de lune …

 

TransPac, Jour 30

Wed Apr 28 2021

Les jours passent et se ressemblent, dans le bleu, le gris, le blanc, le vent, l’absence de vent, le bruit, le mouvement.

On avance doucement au moteur depuis plus de 24 heures, ça fait 30 jours qu’on est partis.

Quittant Valdivia, je n’arrivais pas à imaginer ce que ça voulait dire de passer un mois sur le bateau au milieu de rien, à laisser les jours, les miles et les minutes s’égrainer au fil des flots, je n’arrivais pas à me représenter ce que ça voulait dire, ce que ça serait à vivre, comment on pourrait s’occuper, vivre un quotidien inconnu et ne pas tourner en rond …

Et puis là maintenant, j’ai de la peine à réaliser que ça y’est, ça fait un mois qu’on est en mer, un mois qu’on se lève chaque matin sur un nouveau jour qui ressemble au précédent, qu’on se lève chaque nuit à minuit (ou 3h ou 6h) pour prendre son quart après avoir dormi 2-3 heures, avant de retourner se coucher pour 4-5-6 heures selon les besoins sur le pont. J’imaginais pouvoir me fondre dans une routine, avec lecture, écriture, dessin, yoga pilates et autres exercices, j’imaginais une vie plutôt active sur le bateau, pour faire des choses, garder une trace, faire passer le temps, … b’en rien de tout ça. Les manoeuvres elles sont actives, demandent de réagir vite, c’est le seul moment où on bouge un peu, ou beaucoup, mais pas trop.

En fait, vivre sur un bateau en mouvement ça veut dire être dans ce mouvement-là en permanence, et s’y ajuster sans arrêt. Et ça consomme beaucoup d’énergie. Ça limite beaucoup de choses quand tout glisse de gauche à droite constamment, et que l’équilibre est toujours précaire. Dessiner une ligne droite n’est pas possible. Se tenir assis le dos droit plus de 3 secondes sans redresser le dos n’est pas possible. Chaque chose prend un certain temps, ou un temps certain, parfois presque rien, mais tous ces petits riens mis bout à bout font que la journée est passée, sans crier gare, dans ses séquences habituelles de lecture, nouvelles échangées avec la météo le routeur et les emails famicaux, de préparation de repas, de repas engloutis en 10 minutes, de vaisselle, de rangement, de jeux, de repos, d’attention portée au bateau.

Dans les moments de veille, peu d’énergie ; une certaine fatigue est là quand-même, nerveuse et physique, plus pour certains que d’autres selon les rôles, responsabilités et natures personnelles.

On est bien là, sur cette immense goutte d’eau qui est plutôt calme aujourd’hui, avec cette onde longue et lente qui nous balance. On a l’impression d’être installés dans notre maison avec notre jardin sous les yeux, notre pré, notre périmètre habituel : chaque jour nos regards se portent à la même distance sur l’horizon, et l’horizon ne change pas ; seule l’eau qui file sous la coque nous laisse comprendre que notre jardin, notre pré, notre périmètre est chaque jour nouveau.

Régalade de tout premier choix aujourd’hui : la baignade promise et tant attendue … quel bonheur de se glisser dans cette eau si intensément bleue, chaude, très salée, calme, dense, et de faire quelques brasses … pas téméraires nous ne nous sommes pas éloignés du bateau, mais les gars sont quand-même allés voir si dérive et safrans étaient toujours en place, combien de pousse-pieds avaient élus domicile sous la coque, et s’il y avait des poissons : personne !!! L’eau est à 28, avec des courants plus chauds et plus froids, c’est étonnant d’ailleurs au milieu de cette si grande étendue qu’il y ait une telle variation de température d’un mètre à l’autre …

Et si on s’est baigné dans cette mer glacis, aussi lisse qu’un miroir mouvant, c’est que nous n’avons pas un pet de vent … donc moteur encore pour un certain nombre d’heures. 127 miles derrière nous en plus, dont 99 en direction de Rikitea, 494 devant nous en ligne droite, mais nous allons dessiner une jolie banane donc un peu plus de distance encore à parcourir…

Doux bisous à vous et profitez bien de ce que la vie met sur votre joli chemin.

Donc on est bien là, oui, on s’y est habitué maintenant, ça pourrait durer encore un moment, presque. Mais nan mais naaan, on est bien, mais oui on a hâte de poser le pied dans le sable.

     

 

Transpac jour 31

Thu 29 Apr, 2021

Ca y est, le vent a tourné, le bord de la dépression nous a mangé, alors nous laissons nos chevaux Volvo se reposer et nous redéployons les ailes de Myriades. Un bon 15kn établi, au pré serré qui nous fait giter et non plus rouler, et nous oblige à tout faire pencher dans le bateau. On joue au jeu des chaises musicales, il n’y a que deux place sous le vent (enfin plus si on ne s’étalait pas autant) dont une dehors, alors dès que le chanceux qui a la place se lève, les deux autres sautent sur l’occasion pour être calé un moment. Et puis c’est Hervé et moi qui continuons cette nuit le même jeu avec la cabine arrière, alternant un bout de nuit sur le canap’ et l’autre dans la cabine. Celle de devant tapant trop sur les vagues. Finalement je suis bien avec mon crew’s quarter dédié. Mis cap au sud vers 19h UTC -8 (Encore repris une heure, donc 10h de décalage avec la Suisse). Cette nuit nous devions avoir 20kn WNW, mais bon, comme depuis qu’on est partit Éole se joue de nous. 10kn avec des rafales à 15 et parfois 20, direction? Alors là… entre 300 et 210 à peu près. Autant dire pas très stable, ni pratique pour maintenir un cap. D’ailleurs si vous regarder notre route, vous vous demandez surement qu’est ce qu’on a bien pu boire ces dernières heures ?! Rien, rien, enfin si un peu d’eau de pluie, mais c’est surtout que nous avons mis O’Malley en mode vent. Si le vent tourne O’Malley tourne pour rester à 45 degrés du vent apparent, et comme le vent ne fait que tourner O’Malley le suit, bien, ça on ne peut pas le lui reprocher. D’ailleurs qu’est ce qu’on aurait fait sans lui… (surement moins de cookies, de pains et de mousses au citron) à barrer toute la journée et toute la nuit, peu importe le vent et le temps, la pluie ou le soleil, ça peut vite être fatiguant. Alors Merci O’Malley, et puis Simbad aussi, qui dort depuis qu’on est partit, mais reste dispo au cas ou O’Malley décide de nous lâcher sur un coup de tête ou un circuit grillé.

Voila voila pour les news du jour, délivrées par mouss’ hugo, Mel n’ayant pas eu le courage dans cette mouvance constante et le capitaine… bah il a d’autres choses à faire lui!

Until the next time!

 

TransPac, Jour 32

Fri 30 Apr, 2021

Mais ?? Y’a pas 32 jours dans un mois ?!?!? Haha

On a avancé toute la journée -et on avance encore- sous genois et grand voile full, à 50 degrés du vent qui nous arrive par l’ouest (WNW plus exactement), et qui souffle entre 10 et 12 noeuds présentement. On avance à une vitesse de 5-6 noeuds sur une eau relativement calme mais l’étrave tape quand-même dans la vague.

Vu cette allure modérément confortable, on a passé la journée à lire et à somnoler chacun notre tour, poursuivant le jeu des chaises musicales, on est joueurs et celui-ci on l’adore 😉

Les lignes n’ont pas chanté ni sifflé au coucher du soleil, mais notre dernier filet de daurade était délicieux ce soir, même si expédié derrière la cravate en beaucoup moins de temps que pour le préparer. On ne mange plus à table ces jours, d’ailleurs,  mais chacun tient son assiette d’une main sur ses genoux, et mange de l’autre. Le frigo de referme tout seul (attention les doigts), l’évier ne se vide plus, les hublots de la cuisine sont dans l’eau, oui la vie à la gîte nous fait changer de perspectives et d’horizons.

A propos d’horizon, les Gambiers sont maintenant à 260 miles de nous en ligne droite !!! Ca représente l’aller-retour sur la Corse ! Bormes-Les-Mimosas comme départ & arrivée, Calvi comme bouée à virer. En général on compte 24 heures par trajet … Tout ça nous rapproche donc de notre cible, qui devrait être enfin dans le radar dimanche fin de journée, lundi au plus tard.

On entrera dans l’atoll des Gambiers par la passe nord-ouest et bien évidemment de jour. Eh oui, Polynésie rime avec Patagonie, on y navigue seulement de jour ! Problème de cartographie parfois, de bancs de sable changeant souvent, et de patates de corail disséminées de-ci de-là et non positionnées sur les cartes.

Oh là, on se réjouit de pouvoir se dégourdir les gambettes, redresser le dos, bouger sans limite de hauteur ni de largeur, dormir à plat, dormir sans quart de veille, sauter à l’eau, nager, mettre nos masques et nos tubas pour aller voir tous les pitispassons, trouver quelques fruits locaux (pour les légumes il faudra attendre l’arrivée du Tapuro, le cargo ravitailleur qui a quitté Tahiti aujourd’hui et devrait arriver dans 10 jours) et découvrir enfin ces iles.

On va apprendre à vivre au rythme de l’astre roi, très matinal et qui surtout se couche hyper tôt, et on se réjouit des prochains couchers de soleil sur les cocotiers … En attendant, voilà un magnifique lever sur ce grand Pacifique.

Bisous à vous, de nous.

 

TransPac, Jour 33

Sat 1 May, 2021

Depuis 3 jours au près, à la gîte, on en a marre tous les trois.

La journée d’aujourd’hui est splendide, joli vent soutenu, mer formée mais gérable, soleil, pas de nuages donc pas de grains, c’est stable.

A l’échelle d’une sortie d’une journée sur le Léman ou en Méditerranée, c’est vraiment une journée top régalade. Belle lumière, climat agréable. Le bateau avance bien tout en nous secouant pas mal.

A l’échelle de notre traversée, on a envie de dire que c’est en trop, qu’on ne savoure pas à fond ; on est plutôt mutiques et avachis dans les endroits où on peut se caler « sous le vent », chacun dans son coin, dans son monde, dans sa patience ou son impatience ; les dernières journées sont toujours les plus longues … on aurait préféré terminer cette longue traversée au portant.

Mais on va faire comme si on était en sortie à la journée, et se dire que sous peu on sera au « port », avec un peu plus de confort.

Pas trop plus de news de notre côté, pas grand chose à écrire, mais par contre, on serait ravis de vous lire, ca nous offrirait un peu d’évasion.

On vous embrasse depuis ce Pacifique turbulent

   

 

TransPac, Jour 34

Sun 2 May, 2021

Au fait, on va où ? C’est quoi cette aiguille qu’on cherche dans notre océan de foin ?  Voilà un tout petit résumé de ce que sont les Gambiers ….

PF, La Polynésie Française : une myriade d’îles (+ de 120) et de nombreux îlots répartis en 5 archipels sur un territoire grand comme l’Europe.

Les Gambiers : à peine une tête d’épingle sur la carte de la Polynésie (tout en bas, à droite), loin, très loin de Tahiti, à 1700 km en ligne droite.

Une vingtaine de voiliers en circum-navigation actuellement au mouillage dans l’atoll, pas encore de touristes malgré la réouverture des frontières de PF depuis le 1er mai.

Ce minuscule archipel d’un millier d’habitants est celui, paraît-il, de toutes les surprises. Naturelles avant tout. Un patchwork de paysages qui s’étale sous les yeux : petites montagnes (400m), forêts de pins, lagon, barrière corallienne, plages de sable blanc ou ocre, îles et îlots, un condensé de la diversité polynésienne.

Les Gambiers ont reçu la visite des catholiques au 19eme et en conservent un patrimoine important, ce qui leur a valu aussi l’énorme déclin du nombre d’habitants. Puis la perliculture s’y est fortement développée, les eaux froides des Gambiers jouant un grand jeu dans le magnifique développement des nacres, blanches, noires, bleues, aubergine.

Le vaste lagon est protégé par une barrière de corail que ponctuent 25 motu (îlots, prononcez motou) dans sa partie nord.

Au sud, dépourvu de tout îlet, le lagon donne l’impression de communiquer directement avec l’océan car le récif corallien est immergé.

Trois passes donnent dans le lagon où se dressent 10 îles hautes qui sont les parties émergées du même volcan originel.

Presque toute la population vit sur l’île principale de Mangareva (8km de long, 1.5 km au plus large). Les trois autres « grandes » îles sont Aukena, Akamaru et Taravai.

Nous atterrirons (oui oui, c’est bien le mot utilisé dans le milieu marin aussi) dans quelques heures à Rikitea, ville principale (ou village ? nous verrons…) de l’île principale.

A l’heure où j’écris, nous sommes à 24 miles de notre destination, nous avons fortement ralenti le bateau pour pouvoir nous présenter aux portes de la passe de jour. 10 miles séparent l’entrée de la passe nord-ouest du fond sableux où nous pourrons enfin laisser filer l’ancre après 35 jours de pleine haute remuante mer.

Ces derniers jours ont été … des derniers jours, avec tout ce que cela implique de ressentis contradictoires et complémentaires, exacerbés par une météo pas idéale ni catastrophique. On a mangé notre dernière carotte à midi, haha, et on se réjouit de poser le pied -enfin, même les deux !- sur un sol stable demain !!!

On vous donnera tous les chiffres de cette navigation tout prochainement, comme dirait Hugo « on n’est pas encore arrivés », comme nous l’a dit Hervé « ca serait con qu’on coule à 100 km de l’arrivée », comme quoi, le bon vieux dicton « on ne vend pas la peau de l’ours … » est toujours d’actualité même si les ours par ici il n’y en a plus trop … (peut-être certaines traces chez certains énergumènes… ? A découvrir).

On vous embrasse depuis notre nuit bientôt polynésienne et on vous souhaite un joyeux lundi !!! Bizhhh

 

TransPac, Jour 35

Mon 3 May, 2021

Ca y’est ! On y est !!!

Trente-cinq jours sans voir la terre
Pull rayé, mal rasé
On vient de débarquer
Cargo de suie
Trente-cinq jours de galère
Et deux nuits pour se vider
La nuit te suit change de port”

Ca vous dit quelque chose ? Axel Bauer, on devait bien avoir 15 ans …

Donc oui, on est arrivés ce matin, avec le soleil et quelques nuages pour mettre un peu de relief sur ces jolies petites îles, on vous racontera tout ça sous peu.

Deux grands ploufs dans une eau trouble, chaude et délicieuse, un déjeuner les pieds dans l’eau, un apéro dans le cockpit des Max qu’on retrouve avec un immense plaisir, avec Kalim aussi. 

Le wifi est catastrophique par ici, les appels sont quasi impossibles, et internet nous délivre les nouvelles au compte-gouttes. On va continuer la cure de detox …

Pour l’heure, il est temps d’aller fermer les yeux, récupérer, profiter de ce calme teeeeeeellement agréable, absence de bruit, absence de mouvements, absence de bascule, …

Et demain, ranger, laver, nettoyer avant de partir de Rikitea pour aller découvrir quelques motu sympa dans le lagon.

Bisous bisous doux

 

Regards sur la TransPac  – J 36

Alors, vous vous languissez de savoir quoi, comment, combien … ?

Alors notre VG à nous s’est bien terminé avec une remontée du chenal sans nombreux spectateurs, mais avec un comité d’accueil chaleureux et applaudissant : Max et Kalim faisant des grands moulinets des bras pour nous souhaiter la bienvenue en Polynésie, et plus particulièrement dans l’archipel des Gambiers.

Ils sont arrivés tout sourire avec des pamplemousses frais, une belle papaye, quelques mangues et une aubergine, mille mercis, trop touchant et tellement sympa !!! Merci les amis !!!

Alors, LES CHIFFRES …

-nombre de miles nautiques parcourus : 4650, soit l’équivalent de 8611 km

-partis le 29 avril à 15h, arrivés le 3 mai au matin, soit 34 jours et 16 heures

-vitesse moyenne 5.7 noeuds, soit 10.55 km/h

-vitesse max GPS 13.98 noeuds, soit 25.89 km/h

-vitesse mini 0.5 noeuds, quand on se baignait

-vent max : 27 noeuds, soit 50 km/h

-vent min : 0 noeud

-hauteur de vagues max : au moins 4.5 mètres

-heures moteur : 141.9, soit 5 jours et 22 heures

-heures générateur : 26, pour l’eau et les frigos

-heure water maker : 44.8, soit l’équivalent de 2685 litres d’eau douce produite à bord, sachant que nous sommes partis avec les réservoirs pleins de 395 litres d’eau chilienne

-8 touches de poissons, 5 capturés, 2 mangés : une magnifique daurade coryphène et un thon albacore

-2 leurres perdus

-1 moulinet cramé

-15 poissons volants et 20 calamars échoués au petit matin sur les passavants

-1 oiseau par jour dans le ciel en moyenne

-2 jours accompagnés par un beau banc d’une vingtaine de baleines

-7 cargos sur les écrans, le plus proche à 2.5 miles

 

DEGATS

-les coutures de la capote du cockpit ont lâché, nous obligeant à un peu de couture à la main

-le feu de pont

-la drisse de spi nous a montré son âme en relâchant sa gaine

-un disque dur avec tous les films

DISTRACTIONS

-des rêves et des rêveries en pagaille

-pas de musique, parce que tellement de bruit constamment… sauf pour Hugo, jusqu’à ce que Deezer le lâche

-lecture : Hervé 2, Hugo 13, Mel 15

-épisodes de séries : Hervé 100, Hugo 5, Mel 0

-films : Hervé 15, Hugo 11, Mel 2

-solitaires : Hervé 30, Hugo 750, Mel … au moins autant

-anagrammes, backgammon, sudoku

-cuisine : 5 cookies géants de 26 cm de diamètre, mousse au citron, 10 pains frais, et le temps chaque jour de trouver deux nouvelles idées et de les préparer

-une dizaine de bouteilles à la mer, dont une de Pisco

ON A ADORE …

Hervé : les journées au reaching (120 degrés du vent), les apéros à 18h, les levers de soleil en solitaire

Hugo : les ciels étoilés, le lever de soleil sur Mangareva à l’arrivée, la digital detox

Mel : les couchers de soleil immenses, le bain au milieu de rien, la plénitude une fois les peurs lâchées (s’il nous arrive qqch … qu’est-ce qu’on fait ???)

ON N’A PAS AIME …

Hervé : les 3 jours de près, les bruits suspects, la fin du saucisson

Hugo : les 3 jours de près, les poissons ratés, la déconnection de son compte Deezer au bout de 15 jours

Mel : les 3 jours de près, vomir dans un seau à répétition pendant les 3 premiers jours, la fin des légumes frais signifiant l’apparition des conserves chiliennes (pas bon pas bon du tout)

Comme le réseau est super mauvais et qu’on a à peu près zéro connexion, on va continuer à vous donner des news régulièrement ici, à la suite des 35 posts précédents, et vous faire découvrir les motu dans lesquels on ira se balader …

Quant à nos découvertes polynésiennes, on vous les racontera tout prochainement.

Mille becs à vous toutes et tous

 

   

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