On a passé un bon mois aux Gambiers après nos 35 jours sans voir la terre, autant dire qu’on a savouré cette halte dans cet archipel qui regroupe -il paraît- un peu tous les types d’iles polynésiennes : les montagnes, les atolls tout plats, le mixe entre les deux. C’est magnifique.

Voilà le récit de nos premières découvertes, de quoi vous convaincre de venir en balade avec nous.

Nos amis de Max nous ont accueillis à la plus belle table de l’ile, les pieds presque dans l’eau. On était bien contents de se retrouver, et surtout on a passé pas mal de temps à partager nos expériences sur cette longue traversée depuis Valdivia au Chili !

Le climat …

Le t-shirt est de trop la journée, tu as juste envie de capter le moindre souffle d’air pour te rafraichir un petit peu, et tu ne vis pas au soleil. Il mord ! même si nous approchons de l’hiver, il fait encore un climat super agréable. Les ventilos tournent sans cesse pour créer le souffle, quand Eole nous ignore. 29 degrés à l’ombre, et l’eau doit être à 27. Par contre, dans la baie de Rikitea, l’eau est rarement baignable, car infestée de méduses … heureusement elles ne piquent pas, mais c’est moyen moyen de nager au milieu de ces trucs gluants qui viennent de frôler et te caresser les jambes ou l’épaule quand tu ne t’y attends pas … j’ai hurlé un certain nombre de fois sous l’eau, et je fais rarement le tour du bateau aussi rapidement …

Le ciel est régulièrement bleu, les nuages passent vite ; en général blanc et cotonneux, ils virent au gris quand un grain amène sa pluie. De temps en temps, un plafond nuageux plus haut et plus durable recouvre l’horizon. Comme le relief « montagneux » grimpe à 400m au-dessus du niveau de la mer, les thermiques se créent tout au long de la journée, selon l’évolution du soleil et des nuages.

Les paysages …

Ici les îles ont du relief, recouvertes d’une belle végétation assez luxuriante : pamplemoussiers, arbres à pain (dont on mange le fruit sous forme de légume qui ressemble aux pommes de terre : l’uru) citronniers, papayers, manguiers, arbres à litchis, bougainvilliers, frangipaniers, on arrive en fin de saison par contre, donc plus grand-chose à cueillir … Les arbres et buissons endémiques se mélangent aux essences importées pour leur bois, ce qui fait rend les flancs des collines très jolis : une végétation étagée, entre les albizzias dont les branches poussent à l’horizontale, un peu comme des parasols, des pins légers et aériens, différents feuillus qui poussent à la verticale, et les palmiers et cocotiers qui étendent leur touffe hirsute tout en haut de leur tronc qui s’élance vers le ciel.

Deux monts culminants à 400m (le Mont Duff, et le Mont Mokoto) nous offriront la splendeur des paysages et du lagon quand nous monterons à leur assaut.

Pas mal de buissons colorés, pandanus et hibiscus de toutes les couleurs, le fameux tiare Tahiti avec ses 5 pétales blancs et son cœur jaune, emblématique de la Polynésie, et autres fleurs rouges, orange, jaunes, blanches, fleurs d’un jour et autres fleurs à la vie plus longue.

Les terres et les plages ici appartiennent toutes à quelqu’un, comme les arbres. Donc on ne sait pas trop encore comment ça se passera quand on partira loin de Rikitea … sera-t-on autorisé à mouiller librement ? à découvrir … en tout cas, ça incite à aller rencontrer les locaux pour leur demander l’autorisation de mouiller l’ancre.

L’eau …

Infestée de méduse à Rikitea, c’est un vrai supplice de la regarder sans y mettre les pieds car elle est vraiment synonyme de bonheur et de fraicheur … Pour l’instant, la priorité n’est pas à l’exploration des eaux turquoise et des récifs bordant les petites iles, mais à l’approvisionnement gasoil et avitaillement frais. On nous indique les différents endroits où aller mettre le nez sous l’eau, on a bien noté les repères, mais on est quand-même allé un petit moment à Aukena (6 miles de Rikitea) pour s’y baigner et faire notre première sortie en snorkeling. Les coraux sont éteints, leurs couleurs ternes. Semblables à d’immenses feuilles de rhubarbe, ou grosses patates, ou encore chou-fleur, buissons épineux, ils prennent toutes les formes. Et les habitants de ces eaux : poissons de toutes tailles, plutôt clairs, les pyjamas, les flèches bleues, les trompettes, les balistes, les perroquets, bénitier à dentelle bleue, on ne les connait pas encore par leur petit nom

Les gens …

Pas pressés, super souriants, tout le monde se dit bonjour, 900 personnes au max vivent dans ce petit village de … 2 km de long sur 600m de large, donc chacun se connait. Ce qui est rigolo, c’est que tout le monde se tutoie. Pas de place au Vous ici, le Tu peut être super formel comme il peut être accueillant, c’est Tu à terre et Tu en mer.

Une mairie, une école, une poste, une cathédrale, une petite chapelle, deux centres de santé, 4 épiceries, une gendarmerie. C’est la première fois qu’un gendarme nous demande de le tutoyer d’ailleurs … tu te rends compte ? tutoyer l’autorité ???

Les locaux sont ronds, très ronds, le mythe de la polynésienne est un réel mythe aux Gambiers, les femmes sont à l’aise dans leurs formes généreuses. Petits et grands, jeunes ou vieux, on ne les voit jamais boire de l’eau pour le moment. C’est bière ou sodas. Pour les enfants, c’est jus de fruits ou sodas. Les quelques métros qu’on croise par ici (hormis tous les navigateurs) sont médecins, infirmiers.mières, gendarmes, et … c’est tout.

Les locaux vivent vraisemblablement de peu, tranquillement et sereinement, avec douceur et bonhommie, et ne semblent pas tellement avoir d’autre horizon que demain. Il parait qu’un bon tiers des insulaires vivent à temps complet à Tahiti.

Au marché …

Cette nuit, le Taporo (cargo ravitailleur) est arrivé et depuis, décharge ses containers et les provisions commandées par les insulaires. Cargo rouge, casquette blanche, porte-containers avec sa grue qui permet de transborder. C’est le seul moyen de transport pour faire transiter marchandises et biens de consommation, ou encore colis personnels. C’est un peu Noel à chaque arrivée, le cargo assurant une rotation toutes les 3 semaines. C’est à ce moment que les épiceries reçoivent leurs marchandises aussi, pour alimenter la population en légumes et fruits frais (carottes, tomates, patates, choux blancs, ail, oignons, oranges, pommes, parfois raisin et kiwis), et autres surprises à découvrir … c’est bizarre d’ailleurs que les gens d’ici ne cultivent pas plus la terre pour faire le commerce de légumes et autres végétaux qui pousseraient tout seuls, le climat étant idéal : pluie et soleil, températures printanières et estivales (selon les normes européennes). Tomates, salades, courgettes, aubergines, poivrons, n’importe quelle plante se sentirait au paradis !

Le jour suivant l’arrivée du Taporo, c’est jour de marché. Ou plutôt, nuit de marché. Les besoins de la population locale et des 20 bateaux au mouillage sont vraisemblablement plus importants que les produits disponibles… Les commerces ouvrent à 5h sur l’ile de Mangareva et ferment à midi pour une pause dèj-sieste, puis rouvrent de 15h à 17h. Comme le Taporo vient d’arriver, aujourd’hui ce sera la « ruée » sur les légumes frais et autres produits à durée de vie limitée. J’ai entendu dire qu’il arrive que les navigateurs fassent régulièrement la queue devant la porte de l’épicerie avant son ouverture, alors je prends mon courage à deux mains, et à 4h30 mon réveil matin se fait entendre. Les coqs chantent déjà depuis longtemps, les premiers déjà vers 1h30 … Dehors, nuit noire, la lune finit de décroitre et son croissant tout fin se balance dans le ciel tel un hamac. Les lueurs de l’aube ne m’accompagnent pas encore lorsque je mets le zodiac à l’eau à la lumière de la frontale. Je pars à la rame sur l’eau lisse, direction « chez Jojo » qui fait épicerie-restaurant-plaque tournante d’information. Guidée par la frontale d’un zodiac parti avant moi, j’arrive à la plage, attache l’annexe à un arbre, et poursuis mon chemin jusqu’à la route où se trouve l’entrée de l’épicerie. Une vingtaine de personnes font déjà le pied de grue devant la porte encore fermée, la camionnette du boulanger vient livrer les quelques sacs de baguettes (oui, de baguettes ! presque aussi bonnes que celles qu’on trouve du côté de chez vous).

5h, la porte ouvre, tout le monde se rue sur le pain frais et la table où sont entreposés fruits et légumes : carottes, oignons rouges, oignons blancs, tomates, chou blanc, ananas, oranges, poires, raisin, pommes … Je découvre atterrée le prix de certains produits à la caisse : le raisin est à 13.- le petit sac, les 5 petits ananas à 25.-, les tomates à 10.- le kilo, on va savourer, moi je vous le dis, chaque petit grain de raisin vaut son pesant d’or ;-).

Heureusement j’avais réservé du pain, je n’ai pas besoin de me précipiter sur les deux fronts en même temps, et je peux tranquillement remplir mes sacs de quoi nous faire quelques salades pour les semaines à venir.

A 5h30, j’entends quelques popas (métropolitains) râler parce qu’il n’y a déjà plus de tomates disponibles …

Retour à la plage, le soleil n’est pas encore levé, mais le ciel se teinte de toutes les belles nuances de l’aube. L’horizon luit de sa belle lumière abricot, les boules cotonneuses de nuages gris-prune brodent une jolie dentelle dans le dégradé du parme vers le bleu tendre encore un peu lavande ; la mer décline les mêmes couleurs en zébrures horizontales, les silhouettes des bateaux se découpent en ombres chinoises.

Arrivée au bateau, le soleil hisse sa boule de feu hors de l’eau, jaune d’or irradiant la bordure des dentelles nuageuses, et se reflète dans l’eau à l’envi, promesse d’une belle journée. Mission accomplie, on a des tomates à bord, je plonge dans l’eau encore noire pour me rafraichir et je file me recoucher deux petites heures, heureuse d’avoir à nouveau quelques légumes frais dans nos tiroirs.

Dans l’eau, et sur l’eau …

Notre première belle sortie snorkeling au soleil !! on se régale dans le courant montant (le Pacifique se déverse dans le lagon, on est donc dans le bon sens) à observer petits et gros poissons. Les coraux ici sont aussi plutôt ternes mais ne semblent pas morts pour autant. Hugo part devant à fond de train, caméra à la main, et il est le premier à hurler « requin !!! » pour qu’on vienne vite voir ce premier pointe-noire passer nonchalamment son chemin juste au-dessus du platier, dans 60 cm d’eau.

Requins, mérous, poissons-berlingot avec et sans épines, perroquets multicolores, chirurgiens, toutes petites flèches bleu fluo, poissons argentés bordés d’un liseré azur, bénitiers, conques et autres coquillages non identifiés, nos yeux savourent ! Et puis Hugo arrive en eaux un peu plus profondes, où dépassant un gros caillou il se retrouve nageant soudainement au-dessus de 5 requins … là, il pile sur les freins, fait machine arrière toute, et les observe d’un peu plus loin. Ils ne sont pas énormes, mais c’est des petites bêtes qu’on ne connait pas, et qui font quand-même entre 1m20 et 2m …

Pointes-blanches et pointes-noires, la peau douce et souple, ils se baladent tranquille, avec souvent un petit poisson jaune rayé de brun qui leur nage juste devant le museau. On ne sait pas qui guide l’autre et qui définit la route, ils avancent dans le même mouvement. Rigolo !

Hugo tire ses premiers bords en kite sous un ciel bleu parsemé de nuages, avec un bon 15 nœuds établis. La pratique revient vite, et après s’être remis les mouvements de la voile de 9 m2 en main, le voilà déjà hors de l’eau, surfant la vague en toute légèreté. Après Hugo, c’est au tour de Hervé de sortir la 12 m2. Contents les deux gars !!! Heureux d’avoir remis la pratique du kite en route, malgré leurs appréhensions en début de session. Ils ont assuré comme des pros, en partant depuis l’arrière du bateau. Grands sourires à leur retour !!

Bon, quelques réglages à améliorer encore, trouver comment démêler facilement les lignes (ou plutôt comment ne pas les emmêler …) mais globalement, le système de gonflage et de mise à l’eau est assez bien maîtrisé ! On avait testé tout ça avec Marco au Cap-Vert, et bien entendu Hervé a encore tout amélioré, mettant au bon endroit un bout flottant, un double-mousqueton, une attache, un flotteur, bref, Le Cap maitrise ! et bien sûr, quand l’un est sur le kite, un autre l’assure en zodiac, pendant que la troisième filme et fait des photos … La prochaine fois, ce sera le tour de la troisième de commencer la session en premier … avec un peu d’appréhension aussi, vu que ça fait 2 ans que je n’ai pas remis les pieds sur la planche sous la voile …

Aukena, petite île des Gambiers, en face de Mangareva

Le kite n’étant pas au programme aujourd’hui, on part se balader sur Aukena, cherchant à rencontrer Pakoï qui vit sur cette petite ile, à côté de Bernard et Marie-Noelle.

On est partis par la plage, commençant par le sable doré, puis la roche volcanique noire et luisante à fleur d’eau. Le feuillage des palétuviers, des pins et des différents feuillus nous ont offert un ombrage bien agréable, avec les cocotiers là-haut perchés, au-dessus de toute la végétation. Un incroyable entremêlé-mêlage de racines, de branchages, de troncs entre lesquels nous avons slalomé, en marchant sur un lit un tapis un matelas de feuilles, de branches, de gangues de cocos desséchées.

Dans cette nature brune et sèche en bas, verte en haut sous le ciel, on a crapahuté jusqu’à la petite chapelle de St Raphael. Petite église au toit de tôle, 3 fenêtres sur chaque façade aux vitraux simples et colorés, une porte ouverte de bois peint et quelques bancs de bois brun accueillant les visiteurs, avec sur l’autel un programme de retraite qui invitait les participants à une journée de partage le 16 octobre 2019 « même cœur, même foi, même esprit ».

Pas loin de l’église, un terrain défriché délimité par des grillages de bonne fortune, la forêt derrière, la mer devant, les chiens gardant le périmètre. Pakoï n’a pas répondu a nos nombreux appels, il devait être en balade lui aussi. En dehors de sa propriété grillagée on a eu la jolie surprise de voir débarquer trois grosses truies, deux roses et une brune joliment poilue. Elles étaient accompagnées d’une petite tribu de petits cochons roses, bruns, tachetés, bigarrés, avec leurs immenses oreilles et leurs yeux clairs, trognons les petits cochons. Cette joyeuse troupe vit en totale liberté autour de la maisonnette de leur propriétaire, qui lui, pour le coup, vit dans son enclos …

Akamaru, troisième îlot de l’archipel, on tombe dans l’aquarium !

Nous découvrons le lagon de l’ile de Akamaru : une immense piscine délimitée par le reef sur lequel viennent s’écraser les vagues, libérant leurs chevaux d’écume qui galopent sur l’eau. Profondeur de la piscine : 1 à 2 mètres. On vous laisse imaginer la couleur de cet aquarium …. à 27 degrés …

L’eau n’est pas trop chlorée, elle est d’un bleu fluo en regard de la végétation environnante, et sa température est parfaite : rafraîchissante pour les kiteurs (le kiteur, devrais-je dire) et suffisamment chaude pour le snorkeling.

Le ciel à grains la met avantageusement en valeur, tantôt sous le plafond bleu et un soleil de plomb, tantôt sous une chape gris souris, taupe ou éléphant, un beau gris sombre bien menaçant.

Dans cet aquarium, beaucoup de concombres de mer, quelques petits poissons blancs et un drôle d’énergumène : Jacqueline !!! Elle mesure bien 1m20 cette carangue, grise avec ses reflets bleutés, son oeil reflétant le turquoise du lagon. Elle tourne sous le bateau, guettant la moindre miette de pain qui tombe à l’eau. L’histoire raconte que Rémi a voulu un jour rincer un gigot de chèvre au cul de son bateau, venant de dépecer la petite bête, et à peine avait-il mis le morceau à l’eau que Jacqueline l’avait déjà avalé ! Autant vous dire que quand on part à l’eau, on ne trempe pas nos doigts de pieds, mais on s’y jette bruyamment pour la faire partir un peu plus loin …

On est revenus assez déçus de notre snorkeling sur le reef ; comme il est complètement à l’intérieur du lagon, il y a beaucoup moins de beaux gros poissons … on a croisé quelques perroquets, plein de pyjamas, quelques chirurgiens tout noirs et puis voilà … les plongées sont plus intéressantes sur les reefs extérieurs, on se réjouit d’y retourner.

Hugo s’améliore d’heure en heure sur ses bords de kite, aujourd’hui il maitrise le près dans le bon vent (25 noeuds, voile de 7m2) et la direction de sa route. Il commence aussi à s’envoyer en l’air, se faisant attraper par une vague au moment où il redonne de la puissance à sa voile, se baladant à 2 mètres au-dessus de l’eau, suspendu aux lignes du kite.

On est allé faire quelques pas à terre (pas trop pas trop, les tongs c’est pas fait pour marcher …) pour aller découvrir la jolie petite église de Notre-Dame-de-la-Paix toute blanche bordée de bleu azur, construite au temps du Père Laval (1841) sur le modèle de la cathédrale de Chartres. La ressemblance s’arrête au clocher double, mais asymétrique. La nature environnante est super bien entretenue, nous accueillant dans un espace de paix et de grande qualité.

Depuis la mer, on accoste sur une bande de sable blond, puis on suit l’allée de gazon, bordée d’arbustes fleuris et verdoyants qui remonte jusqu’à l’église. Au-dessus de ces massifs colorés, des pamplemoussiers, arbres à pain, manguiers et cocotiers. Une nature tellement opulente, simple et magnifique, tout peut y pousser.

Une vanilleraie pousse sur cette terre généreuse, sous ce climat idéal. La production est vendue localement, et une belle proportion part en Bretagne pour y être vendue par la belle-soeur de la vanillecultrice. Ici les 6 batons se vendent à 25 euros.

On poursuit la promenade jusqu’au bout de l’allée engazonnée, sous des arbres immenses qui s’élancent dans le ciel, aux troncs vertigineux recouverts de lierre et autres plantes parasites, laissant pendre leurs lianes pour les Tarzans de passage. Au bout du chemin nous attend Germain, que ses chiens ont averti de notre arrivée. Il vit là avec sa femme, dans une petite bicoque en tôle sans vraie porte ni fenêtre, les pieds dans l’eau. Deux petites barques et quelques filets se reposent sur le sable. Dans leur jardin : plants de vanille, pamplemoussiers, citronniers, manguiers, urus, litchis, et autres arbres qui se préparent au repos hivernal. Il nous offre généreusement quelques piments (bien piquants) et nous raconte qu’il aimerait bien pouvoir planter des pommes de terre, des salades et autres légumes, parce que ca pousse bien, mais les cochons sauvages labourent tout … alors « b’en on mange juste du riz et des bananes » …

Tauna puis Taravai

Nous avons quitté notre aquarium pour aller tenter des bords de kite dans des eaux plus profondes, sans patates de corail. Parce que mine de rien, reprendre confiance en ses gestes et sa voile les fesses potentiellement posées sur du corail, c’est assez moyen … direction Tauna, donc.

Prononcez Ta-ou-na.

Imaginez un petit ilet de 0.1 mile nautique de long, sable blanc, parasol naturel de frangipaniers, palmiers, pandanus, yukas, cocotiers, et autres arbustes à consonance pacifique hauts de 2-3 mètres. Au milieu de cet écrin de verdure, une petite cabane faite de quelques planches et un toit de tôle, des filets dans lesquels sont enroulés les matelas en mousse des heureux propriétaires de ce petit motu, de ce petit coin de paradis au sud-est de l’archipel des Gambiers, là où la barrière de corail protège suffisamment le lagon pour empêcher la houle de rentrer.

Quelques oiseaux tout blancs et très effilés tournoient au-dessus de nous, quelques sternes aussi attendent, les pieds dans l’eau et la huppe au vent, qu’on s’approche pour prendre leur envol, et puis les tout noirs avec une goutte blanche sur le dessus de la tête qui descend sur leur bec, magnifiques. Dans cet environnement si lumineux et si ensoleillé, les sternes blanches se teintent le dessous des ailes et du ventre de vert turquoise, c’est joli de les voir voler ainsi dans l’azur.

Le tour de l’ile est fait assez rapidement vu les distances, on a l’impression d’être seuls au monde, bien que Rikitea soit seulement à une heure de là.

Taravai, là on prononce le « i », c’est une jolie petite île sur laquelle vivent Hervé et Valérie, avec leurs fils Alan et Ariki. Il est mangarévien, elle est tahitienne (papa hindou, maman chinoise) et ils vivent sur Taravai depuis 14 ans, cultivant leurs légumes et ramassant leurs fruits, pêchant dans le lagon devant chez eux, laissant leurs cochons grandir dans la nature derrière chez eux le temps qu’ils arrivent au bon poids, capturant chèvres, cochons et poulets avec des pièges remplis de noix de coco. Leur hectare de terrain : un jardin d’eden …

A côté de chez eux, Jean, et plus loin Michel et sa femme, et puis … c’est tout. Vraisemblablement ils partagent peu de temps et de choses ensemble.

Quand on débarque à Taravai par le quai de l’église Saint-Gabriel, jolie bâtisse blanche à toit rouge, on marche sur une pelouse d’un vert éclatant, et le chemin à suivre est dessiné par une allée de plantes grasses, jaunes, vertes, ou violet sombre. Le sol est bien plat, bien entretenu, les « sous-bois » sont hyper propres et accueillants, l’ile invite à se faire fouler du pied.

On part se balader avec Les Max, et on entend au loin « prenez un coupe-coupe pour entretenir le chemin des chèvres, vous en avez pour 15 minutes jusqu’à la pointe ». Finalement on n’a pas besoin de tailler notre route et on marche pas loin de 2h aller-retour. On monte on redescend on crapahute dans des herbes aussi hautes que nous, sous les pins, les albizzias, les cocotiers, on chemine gaiement à l’ombre, avec de temps à autre une échappée entre les arbres qui nous permet d’apercevoir l’eau turquoise du lagon. On se croirait parfois au bord de la Méditerranée … On arrive dans une crique magnifique, transparente d’eau à peine bleutée, bordée d’arbres aux épines légères qui se balancent dans la brise, sable blanc, roche noire volcanique, cocos en pagaille sur la plage, petit ilot en face de nous, lieu idéal pour ancrer à nouveau dans une piscine.

Attendus à 15h pour un apérobarbecuepétanque par Hervé et Valérie, on débarque sur leur jolie plage et on retrouve une famille adorable dont le principe est d’inviter les navigateurs chez eux le dimanche pour un grand moment d’échanges et de partages. Ils fournissent la viande, la table et les chaises, et les bateaux le reste.

Aujourd’hui on n’est pas dimanche (mais lundi) et seuls Myriades et Max sont accueillis, puisque les seuls dans la baie. Les histoires autour de la table vont bon train, chacun raconte un bout de sa vie, de sa traversée, de son histoire, on parle aussi des « grands sujets de société » sans trop s’y attarder, on préfère inviter nos hôtes à se raconter et à nous révéler un peu plus qui ils sont.

Fin d’après-midi pétanque, les 3 Hervé décident de s’allier, confiants de leur supériorité (face aux filles et Hugo). On a joué dans l’herbe, dans le sable, en montée, en descente, on a bien rigolé, et … les Hervé Au Cube ont magistralement perdu la partie !! Revanche dimanche prochain …

On rentre aux bateaux à la lampe de poche, après avoir passé une super après-midi et longue soirée, et là, surprise, il n’est que 18h30. On a l’impression qu’il est déjà 21h, mais non … Chouette, plein de temps devant nous encore.

Retour à Akamaru

B’en oui … l’archipel est petit, alors on fait des allers-retours dans notre grande piscine.

On joue au jeu des chaises musicales avec les autres bateaux, on imite la migration des bernard-l’ermite : dès qu’un bateau bouge, un autre vient prendre sa place …

Mais bon, il n’y a plus trop de bateaux dans le coin, ce qui fait qu’on a le choix de poursuivre notre vie d’isolés. Le bon côté : on est super bien accueillis par les mangaréviens car ils ont le temps. Donc retour à Akamaru.

Comment on navigue par ici ?

Souvent au moteur, car les distances sont courtes et on a la flemme de ranger tout le bateau pour une navigation « à la gîte » … mais on sort le génois quand on est au portant quand-même !! L’autre raison du moteur, c’est que ça nous permet de recharger les batteries quand la couverture nuageuse péjore la production énergétique des panneaux solaires, et puis ça chauffe l’eau de la douche !!!

Et puis sinon, la navigation c’est une personne à la barre et aux instruments, et une personne qui joue à la vigie dans son nid d’aigle « pi’ates à babo’d Captain !! » ou plutôt chez nous c’est les deux pieds posés sur les marches du mât et puis « patate à bâbord dans 50m, prends 20 degrés sur tribord ».

On guette les patates, les platiers de corail, et surtout les bouées de perliculture !!! Il y en a à foison dans tout le lagon. Heureusement il y a certains chenaux réservés au trafic, mais en dehors de ces chemins balisés, les bouées fleurissent comme les tulipes au printemps ! En moins visible … d’où l’obligation du guetteur sur le pont en permanence. Pour peu qu’on ait le soleil de face, ça complique la tâche. Ce qui veut dire qu’on entre et sort des « aquariums » et qu’on bouge dans le lagon entre 10.30 et 15.00 pour avoir une bonne visibilité.

On navigue avec en plus sous les yeux l’ordi du capitaine, outil qui nous permet de nous situer en temps réel sur Google Earth (ou l’équivalent), donc on a toutes les vues aériennes des côtes où on navigue, ce qui nous permet avec beaucoup de précision de compléter nos cartes de navigations. Grâce à ça, on arrive à destination sans encombre et en toute sécurité. Merci mon Geek préféré !!!

On va aller rencontrer Remi et Louise, anciens perlicultueurs qui se transforment progressivement en vanilleculteurs. C’est une sacré complexité la culture de la perle … et c’est vraisemblablement un travail qui use ses hommes. Ça fait 20 ans que Remi s’y adonne et là il rend son tablier pour mieux profiter de la terre, et de la mer, il s’est assez mouillé dans sa vie. Il rêve de s’acheter prochainement du matériel pour se remettre à la planche à voile.

Retour sur expérience « kite surf », témoignage de Hugo

Ces derniers jours ont été le plus souvent possible orientés sur les opportunités de kiter dans les différentes piscines de l’archipel, profitant des vents annoncés (avec le plaisir une fois de plus de constater qu’entre prévisions et réalités, il y a une certaine différence …). Hugo repart tout bientôt, alors on a voulu lui permettre de se faire plaisir au max ! D’ailleurs, on lui laisse la parole sur son expérience « kite ».

« Avant de venir en Polynésie, j’ai pris des cours de kite surf pendant 5 jours, à coup de 2 fois 2h par jour. Mais ça remonte à Mars 2018, puis une autre sortie d’une heure en décembre 2018, et je n’avais pas remis les pieds sur une planche de kite depuis. Autant dire qu’il m’a fallu quelques jours avant de retrouver pleinement les bonnes habitudes.

Les deux premiers jours j’essayais de retrouver les sensations de pilotage de la voile, la bonne position pour remonter au vent, de me remémorer les quelques conseils que j’avais eu, et en même temps assimiler ceux qu’Hervé me criait depuis le zodiaque. Ces deux jours-là, lorsque je m’éloignais trop de Myriades, il me remontait au vent avec un petit bord de kite-zodiaque, bien pratique.

Le troisième jour Le Moniteur En Chef a pu rester sur Myriades, et ne venait me voir que si je me prenais une chute et perdais la planche. Il a alors pu sortir l’appareil photo et commencer à mitrailler. Merci à lui !

Ce troisième jour il y avait d’ailleurs 25 nœuds de vent et je pilotais une voile de 7m carrés (contre 12 ou 9 les autres jours, avec 15 ou 20 nœuds) mais juste avec 7m carrés on s’envole facilement, parfois même sans trop le vouloir … pour preuve, cette jolie photo … et toujours avec style ! On passera sous silence que juste après j’ai fini la tête la première dans l’eau, je vous fais confiance …

Le quatrième jour c’était des conditions parfaites !

Dans le Lagon d’Akamaru, l’eau turquoise, le ciel bleu, un bon vent établi de 18 nœuds, je me suis régalé avec la 9m carrés ! Je suis partit du bateau et revenu sans aucune aide, je remontais au vent, j’enchainais les transitions, classique (s’arrêter et repartir en étant toujours face à la voile, ce qui implique un bon timing) ou backside (je fais un 180 degrés pour me retrouver dos à la voile et j’ai ensuite juste à tourner en me laissant revenir dans l’axe de ma voile), pour me faire enfin 5-6 bords sans mettre les fesses dans l’eau, un régal ! Quand en plus au moment d’une transition je croise une grosse raie qui devait bien faire 1m50 et que je repars avec, elle volant sous l’eau et moi survolant au-dessus … ce sont quelques secondes magiques ! »

Depuis hier, le vent est retombé sur l’archipel des Gambiers, et toutes les voiles bien rangées dans leur sac. En réfléchissant un peu sur les derniers mois passés sur Myriades, Hugo se dit qu’il aurait volontiers troqué un mois de Chili en moins pour un mois de Polynésie en plus, mais que malgré ça, il est super content d’avoir vécu cette expérience des 35 jours de traversée (« … mmmhhh, je ne suis pas sûr que je le referais ») et que ça valait vraiment le coup pour arriver ici, découvrir ces minuscules îles retirées du monde, et de pouvoir jouer avec les éléments (eau, air, planche, voile) dans ce coin de paradis.

Et à l’observer sur l’eau, tellement à l’aise, ses mouvements fluides, la facilité déconcertante avec laquelle il essaie, progresse, réussit, l’évidence qu’il est dans son élément, la glisse innée, on se régale à regarder son ballet aérien, et on se réjouit que « l’élève ait si facilement dépassé le maître » . La Polynésie était pour lui.

Fin de balade aux Gambiers

Le temps file. Pas aussi vite que les nuées de moucherons qui nous envahissent à la tombée du jour. C’est assez infernal, on ne peut pas profiter de l’extérieur à un moment pourtant très sympa : quand le soleil disparait et que le vent se calme. Ils s’enfilent dans nos verres, dans nos narines, dans nos cheveux, dans nos tiroirs, partout … et quand tu fermes tout avec les moustiquaires, ils arrivent encore à passer sous la porte en marchant !!!

Pas de vent ce soir, mais une petite houle qui vient du large, qui fait le tour du bout de l’ile, qui s’éventaille et qui vient nous faire rouler dans la baie de Rikitea … on est des mini culbutos dans notre bateau.

Je réalise aujourd’hui qu’on est samedi, une semaine déjà après le départ de Hugo. Ah non, pas vrai. On est samedi, qui suit directement le départ de Hugo mardi matin. Oui, c’est vide et différent après lui. 4 mois ensemble quand-même … qui sont passés comme une lettre à la poste ! Certaines journées étaient insupportablement longues en mer, pendant nos 35 jours, mais finalement ces 4 mois ont filé comme un TGV. Trop rapide !

Ce matin, un bateau ravitailleur (Le NukuHau) est arrivé et décharge depuis qu’il est à quai … gasoil, essence, gaz, containers réfrigérés et containers normaux, le « port » (un simple quai) est pris d’assaut depuis l’aube. Et cette nuit, c’est le second bateau (le Taporo) qui arrivera, avec les fruits, les légumes et les produits frais (fromage par exemple, et jambon cru sous vide). Il nous reste 3 carottes dans le frigo, achetées le 8 mai au dernier bateau … on devient les pros des salades avec peu de marchandise 🙂

Donc lundi matin : debout avant l’aube pour être à 5h à l’entrée de l’épicerie pour y attraper tomates, carottes, oignons et autres verdureries. Et puis après, on part à la piscine à Akamaru ou à Taravai, pour un dernier plouff dans l’eau turquoise avant de hisser les voiles mardi matin direction Hao. On s’arrêtera encore à Taravai pour y acheter papayes vertes, oranges, citrons, herbes fraiches (romarin, menthe, thym, quel luxe !) tous ces produits qui sont cultivés par Hervé et Valérie, qui habitent sur cette petite île depuis 15 ans. On a ramassé 6 pamplemousses sauvages hier, qui pèsent … 8kg500 !!! Tu vois la taille du truc ? En fait, ils ressemblent plus aux pomelos qu’on trouve en Suisse, plutôt qu’aux pamplemousses roses ou jaunes.

Et dans les produits locaux, on a aussi récolté quelques cocos pour les découvrir “complètement bio”, et surtout comparer l’eau et la chair de coco aux différents stades de maturité du fruit.

Notre verdict : pour une eau rafraichissante et généreuse en quantité, choisir une coco toute verte, pour une chair de coco goutûe choisir une coco brune (elle aura moins d’eau), et pour un entre-deux où on pourra déguster eau et fruit, choisir une coco verte et brune !

Cette nuit, j’ai enfin ENFIN EENNNFFFFINNNN réussi mes premiers yaourts « faits bateau » dans le four … j’ai enfin réussi à faire qqch qui ressemble réellement à un bon yaourt nature plutôt ferme 🙂 Jusqu’à maintenant, ils ne prenaient jamais, du coup j’étais obligée de transformer mon lait « acidulé » en flan de chia, histoire de pouvoir manger un laitage avec un peu de consistance. Miam !!!

Avant-hier, on a fait le tour de l’ile de Mangareva en vélo, 22 km avec pas mal de petites et moins petites montées, des passages bétonnés quand ça monte et ça descend, et là où il y a quelques maisons, sinon c’est de la piste tout le long : cailloux, gravier, sable, boue, donc on n’a pas roulé super vite, mais c’était cool ! Ca fait du bien, et c’est là qu’on voit qu’on n’a plus du tout de muscles dans les jambes ni ailleurs … la cata !!! En rentrant, on est arrivés juste à l’heure pour s’arrêter « chez Jojo » pour commander un petit lunch. Les cuisinières (tour de taille proche du tonneau) n’avaient plus que des steaks- frites, et un poulet frit au citron, ça a très bien fait l’affaire pour nous restaurer et nous permettre de retrouver un peu des forces, haha ! Normalement chez eux, on peut manger aussi du poisson grillé, du poisson cru au lait de coco ou « à la chinoise » (avec une sauce pleine de sucre, mais ça passe bien de temps en temps) ; tout reste très simple, mais c’est une cuisine souvent assez grasse. Le restau est un baraquement en tôle le long de la route, qui abrite l’épicerie, la cuisine, et on mange « en terrasse », sous la tôle, sur des chaises en plastique violettes et vertes, avec des toiles cirées pleines de couleurs. Ils ont une table « VIP » au bout de leur parcelle, au bord du lagon, sous une petite tonnelle de bois. C’est bien sympa de s’y asseoir pour observer un peu la vie dans le mouillage et c’est aussi le seul endroit où on capte le wifi … autant dire que c’est un endroit très demandé !!

Et puis hier, on a marché, 1h30 de grimpette (480m de D+) et 1h de descente, pour aller voir l’ile de Mangareva depuis son sommet (le Mont Duff). Quel bien ça fait de se bouger comme ça ! C’était beau de se balader dans cette végétation, mélange d’épineux et d’albizzias, de feuillus charnus, de pamplemoussiers et autres palmiers, avec des échappées sur l’eau parfois turquoise, parfois grise, parfois bleu outre-mer …

L’ile fait 8km de long, 2 de large, verte verte verte, bordée par des fonds peu profonds où les fermes perlières sont établies pour laver les huitres. La végétation est incroyablement généreuse, les grands arbres immenses, me faisant penser aux arbres africains, et puis les fruitiers aussi montent très haut et se développent super bien (manguiers, litchies, pamplemoussiers, orangers, et tant d’autres qu’on ne connait pas) et puis les gros buissons colorés, rouges, verts et jaunes, zébrés, fleuris, … la nature sauvage est sauvage, abondante, exubérante, et la nature dans les parcelles particulières est super bien entretenue, gazon coupé, arbres bien rangés, … j’ai de la peine à comprendre pourquoi les mangaréviens ne font pas plus de culture chez eux, tout, absolument tout peut pousser, sous peine d’un peu d’entretien et de travail quotidien … des herbes aromatiques, des légumes, des fruits, des patates,…  et pourtant ils mangent vraisemblablement peu de légumes et de produits sains. Et ne font pas de sport. Ils vivent de rien, ils vivent un peu sans lendemain, ne donnent pas l’impression d’avoir des perspectives hormis aller frotter les huitres, écouter de la musique au bord de l’eau ou entretenir leur jardin.

Hervé et Valérie (sur Taravai) eux éduquent leurs enfants, leur font suivre leurs classes au CNED, Allan vient de passer son bac et veut être pilote dans l’armée. Mais j’ai un peu l’impression qu’ils sont peu nombreux dans ce cas-là. Enfin, une bonne partie de la population vit à Tahiti, donc on a ici que ceux qui ne bossent pas en fait, ou qui n’étudient pas.

Les mangareviens sont très abordables, tout sourires tout le temps, tout le monde se dit bonjour. Mais on n’en rencontre « vraiment » pas beaucoup. On a un peu d’hésitation à entrer chez eux comme ça, pour dire « bonjour, et comment ça va la vie chez toi ? On a pu rencontrer 3 couples (dont 2 très chouettes) grâce à Kalim (un bateau copain qui montera aussi en Alaska). Kalim est arrivé aux Gambiers en juillet 2020, donc ils ont largement eu le temps de faire connaissance des locaux. Donc ils nous ont dit “allez là, et allez là aussi”, et quand on y arrive, on dit qu’on vient de leur part, et du coup, la porte s’ouvre hyper facilement.

Les autres qu’on croise à Rikitea dans les magasins, ou au “restau” ne nous adressent pas vraiment la parole. Et on n’a pas non plus cherché à sympathiser avec eux, on est vraiment sur des planètes différentes. C’est plus simple d’aller à la rencontre d’un couple qui vit seul sur son île par exemple, parce qu’ils ont plein de choses à raconter de leur histoire, de ce qui les a amenés à vivre à l’écart de tout, en presque autarcie.

On quitte les Gambiers pour Hao

Par un mercredi matin tout gris, on quitte les Gambiers. On est début juin.

Depuis que Hugo est rentré chez lui, le temps ne nous a pas vraiment gâté, l’hiver s’installe tranquillement. Hiver polynésien bien sûr, qui veut dire mettre un pull à la place du t-shirt pendant la journée, et des vrais habits quand le soleil se couche dans le vent. Temps parfait pour aller faire du vélo et une petite rando. Et puis temps parfait (quoique … avec les hectolitres de pluie qui tombaient, ce n’est pas idéal) pour le NukuHau et le Taporo qui nous ont apporté de nouvelles carottes et tomates, des oignons et un petit peu de fromage français. Donc on était « coincés » sous la pluie à Rikitea en attendant les victuailles.

Quelques jours pour préparer le bateau, puis en ce mercredi tout gris, on s’arrête en partant à Taravai chez Hervé et Valérie pour leur apporter leurs œufs, lait et autres denrées dont ils avaient besoin, en échange de quoi nous sommes partis avec plein de merveilles de leur jardin : mangues, avocat, oranges, citrons, salade verte, quelques haricots, aubergines japonaises, petits poivrons verts et chili, uru, menthe fraîche, thym, romarin, basilic … quel bonheur !!! Comme ils font vivre et perdurer les belles traditions polynésiennes, nous avons droit à un magnifique collier de fleurs (hibiscus, orchidées, ylang yland, basilic et autres feuilles) que nous jetterons à la sortie de la passe, pour formuler le voeu de pouvoir revoir la Polynésie.

Depuis, on navigue dans des eaux plutôt peu remuantes, belle grosse houle mercredi, et cette nuit je me disais que c’était super agréable de sentir le bateau glisser presque sans heurts ni sans balance, sans tangage et sans roulis, l’eau est calme, ca fait du bien. (Il suffit que je l’écrive pour me retrouver sur une espèce de balançoire, dans une mer croisée sortie de je ne sais où, c’est très inconfortable …).

Par contre au niveau des vents, c’est pas encore ça ! Ça monte et ça descend, ça passe de 7 à 22 noeuds en moins de temps qu’il faut pour le dire, en prenant 30 à 40 degrés, autant dire que les quarts n’ont pas été chômés ! Même si j’avais les yeux qui piquaient quand je suis sortie des plumes, j’ai vite trouvé le rythme sur le pont : pas 5 minutes sans devoir faire un réglage de voile ou de cap, mes 4 heures sont passées « vite fait ».

On imaginait pouvoir faire la route en trois nuits jusqu’à Hao, mais ca ne sera pas le cas vu les vents, et le problème en fait n’est pas d’atteindre Hao de jour (on pourrait y arriver), non c’est surtout qu’on ne peut pas entrer dans la passe de Hao après midi (voire 14h) car les courants sortants peuvent atteindre 12 noeuds … sachant qu’on avance au moteur à 6 noeuds, je vous laisse imaginer à quoi pourrait ressembler notre « entrée » dans l’atoll, haha !

Et comme on va à Hao, on va pouvoir y rencontrer la cousine de Hervé Taravai pour lui apporter le sac qu’il nous a confié à son attention. Dans ces îles, l’accueil, l’entraide et la générosité ne sont pas des vains mots, ça troque généreusement et les moyens de communication vont souvent à la vitesse des navires.

 

One comment

  1. Bonjour les “Myriades”,
    Merci pour ce récit truffé de détails et d’anecdotes mais aussi de descriptions et d’images qui me permet d’imaginer de façon précise ce que pourrait être notre vie de navigateurs là bas, une fois qu’on y sera.
    Ce qui ne me réjouit guère ce sont les 35 jours de traversée du Chili aux Gambiers. Pas moyen de faire plus court ? Quand en 2011 nous avons traversé l’Atlantique – ma première grande traversée – j’ai trouvé que les 20 jours étaient longs (de la Casamance au Brésil) ! Voir notre site (complètement ringard sur le plan technique) : http://www.rozavel.com
    Une question. Vous écrivez “On navigue avec en plus sous les yeux l’ordi du capitaine, outil qui nous permet de nous situer en temps réel sur Google Earth (ou l’équivalent), donc on a toutes les vues aériennes des côtes où on navigue, ce qui nous permet avec beaucoup de précision de compléter nos cartes de navigations.” Comment avez-vous fait ? Peut-on télécharger les zones de Google Earth qui nous intéressent avant de partir ?
    Bravo en tout cas pour votre “punch” et votre plume.
    Laurence de Susanne

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